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4 mai 2008 7 04 /05 /mai /2008 23:38

Matthew, qui fut un jeune américain venu faire ses études à Paris, se souvient de la façon dont il a vécu « mai 68 ».

Il occupe une belle chambre dans un hôtel cossu, belle mais dépourvue de toilette, raison pour laquelle il pisse fréquemment dans la cuvette du lavabo. Mince, il asperge  sa brosse à dent, dites donc ! Tant pis, il ne s'en sert pas, il se le fait au doigt...

Ne croyez pas que je dise cela  en vain. C'est une de ses occupations principales, en plus d'écrire à sa mère.

Il est  en grève, les cours ayant cessé. La cinémathèque est occupée et Henri Langlois démis de ses fonctions. Au cours de la manifestation de soutien,iI fait la rencontre de deux  jumeaux de 17/18 ans, Théo et Isabelle, étudiants en cinéma comme lui. Ils l'invitent dans l'appartement, rue de Valois, que les parents ont délaissé pour partir en vacances, leur  laissant des chèques sur le frigo.

Les trois adolescents jouent à mimer des scènes de film célèbres, que les autres doivent deviner. Ainsi Isabelle dit « je suis née en 1959 sur les Champs Elysées » et Matthew visionne Jean Seberg vendant des journaux sur cette avenue dans A bout de souffle.

Ensuite, on mime la Reine Christine, les lumières de la ville, Keaton, Scarface, Freaks, Bande à part... Isabelle  c'est Eva Green, le nom me dit quelque chose mais je ne l'avais jamais vue. Elle est mignonne. Louis Garrel  (Théo) semble abonnés aux rôles d'étudiants révoltés et  introspectifs. Ça lui va plutôt bien.

Les trois adolescents vont former un huis-clos dans l'appartement.  Tandis que leurs  camarades politisés manifestent  et se battent sous leurs fenêtre, ils  s'adonnent à des jeux sexuels : Théo se masturbe tandis qu'Isabelle lui plante un ballet O'cédar dans les fesses... Matthew est choqué et fasciné. Bientôt il a un gage et doit faire l'amour à Isabelle  sous le regard de Théo. Il la déflore, le frangin est jaloux. On tente le ménage à trois sans vrai succès.

Les garçons se disputent parce que Matthew se rend compte qu'il y a un soulèvement social d'importance, et que Théo ne va pas rejoindre les grévistes actifs, ce qui ne l'empêche pas de répéter des slogans maoïstes.

Bientôt tout cela ne les amuse plus, et tous les chèques des parents sont dépensés... ils vont fouiller dans les poubelles : il y a du choix ! Les éboueurs sont en grève...
Les jeunes gens s'ennuient : pour lutter contre  dépression, aller dans la rue s'occuper à monter les barricades paraît une solution au moins provisoire !

Ça me fait penser aux Enfants terribles de Cocteau,  en moins terrible, car ici, l'on assiste à une sorte de "mi-happy end".
  En effet, dans  les " Enfants terribles", le huis-clos s'achève sur la mort de tous, et dans "Innocents", celui qui joue le rôle du troisième ( Matthew) ne va pas jouer le jeu jusqu'au bout. Sa fonction est de séparer les jumeaux, et de les abandonner, moins heureux qu'ils n'étaient au début. Lui-même se sent davantage concerné à la fin du film et  commence à  comprendre quelle attitude il veut avoir, vis-à-vis de ses amis, envers la situation politique aussi

Le titre "innocents" laisse à penser que les trois jeunes sont  en-deçà du péché, qu'ils se meuvent dans un espace libre de contraintes,  situation qui se révèle  finalement contraignante. La fin  de l'innocence?

Mais on risque d'interpréter le film comme une dénonciation de  la fameuse «  démission des parents intellectuels qui ne savent pas quoi faire de leurs mômes » ? (cliché rebattu). Ou que les  jeunes de mai 68 sont descendus dans la rue parce qu'ils avaient besoin de tutelle... !

Pas tous !

Ce deuxième DVD du coffret Télérama «  les films de mai 68 » me paraît moins  original, dans son traitement, que «  les Amants réguliers » mais pas si différent : c'est  un film où l'on se rend compte lentement que l'on doit perdre ses illusions et ses rêves à l'approche de l'âge adulte.

Il se laisse voir sans déplaisir mais  je n'y trouve pas la force de grands films de Bertolucci tels que " Le Conformiste".

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commentaires

E
Bonjour Dominique,D'accord avec vous, cela ne vaut pas tout à fait les Bertolucci des années 70, mais contrairement à eeguab, je préfère celui-là à ses grosses productions. Les reconstitutions des événements de mai peuvent prêter à sourire mais quelque chose passe malgré tout. Il y a un amour du cinéma qui circule, le repli sur soi est très bien rendu (l'appartement est très bien filmé) et le trio est plein de charme. Plutôt une bonne surprise pour moi.
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<br /> Il y a de très bonnes choses dans ce film à mon avis discutable et discuté. On s'attache aux trois jeunes, leur interprétation est excellente. Le jeu de deviner des scènes de film en les mimant est<br /> bien réussi.<br /> <br /> <br />
E
Loin,très loin à mon avis de la force du Conformiste ou du Dernier tango.Même les films "académiques" comme Little Buddah ou Le dernier empereur me semblent plus intéressants.Je dois avouer que mai 68,c'est l'overdose.
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<br /> Ben j'ai acheté un coffret de DVD " les films de mai 68" proposés par Télérama et je les regarde! J'ai aussi acheté des CD de musique classique par le même biais mais je ne saurais pas les<br /> commenter.<br /> <br /> <br />
R
J'ai vu ce film il y a quelques semaines et j'ai aussi pensé aux Enfants terribles ; traitement un peu décalé pour un film sur 68... je regrette d'avoir raté "les amants réguliers" visiblement moins "joli" qui passait également sur arte.
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<br /> En fait il s'agit d'une série de DVD que j'ai acheté à Télérama intitulée " les films de mai 68".  Ce sontles deux premiers que j'ai vus.<br /> Je viens d'en voir un troisième "La Salamandre " d'Alain Tanner, que j'avia déjà vu à l'époque.<br /> C'est encore bien mais ça un peu vieilli...<br /> <br /> <br />
D
Bonjour Dominique,Je n'ai pas vu les Innocents car le sujet ne m'a pas vraiment tenté et pourtant il y a Louis Garrel et Eva Green (sa carrière internationale a été lancée grâce à ce film). L'arrière-plan de Mai 68 ne "me parle pas", j'étais trop jeune (T ans) lors des événements.
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<br /> Oui Dasola, les interprètes méritent un coup d'oeil. Le film n'est tout de même pas un chef d'oeuvre.<br /> <br /> <br />

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