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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 14:00

 

 

 

 

Seuil (Fiction et Cie) 2002. Prix Femina.


Nous sommes en 1810 à Vienne. Agathe, ex-lectrice adjointe de Marie-Antoinette, exilée depuis juillet  se souvient, à l'occasion de ses 63 ans, de sa vie à la cour de Versailles, une expérience qui dura de 1778 à 1789. Surtout elle revoit ces trois journées fatidiques du 14 au 16 juillet 1789 qui virent la chute de l'Ancien Régime, et sa fuite le 16 au soir avec la famille de Polignac.


A Versailles, en 1989, Agathe est une « logeante ». Lectrice adjointe de la Reine, elle travaille peu et ne gagne que le logis. Elle dispose d'une petite chambre, et pour le couvert, mange les reliefs des repas des Grands. Elle ne dispose d'aucune autonomie, n'a pas de rémunération ni d'argent personnel, pas de vie privée. Pourtant, son établissement en tant que lectrice est une planque pour l'orpheline qu'elle est.


La Reine ne prise guère la lecture. Le portrait qu'en fait Agathe  est celui d'une femme-enfant, au caractère incertain, souvent stressée, avec des moments de plaisir éphémères.  Le matin du 14 juillet,  Agathe lira avec elle quelques répliques d'une pièce de Marivaux, puis des catalogues présentant des vêtements réservés à l'aristocratie.

Les nuits, Agathe lit («  avec sa voix d'opium ») pour endormir et  bercer Marie-Antoinette.


La plupart du temps, désœuvrée, Agathe se voue à la lecture personnelle, s'adonne à la broderie avec d'autres dames de compagnie, flâne, admire Versailles, idolâtre la reine.

Versailles est sinistre, lugubre, sale, toujours sombre, envahi de rats, refuge précaire des miséreux, labyrinthique, avec quelques repères : le Petit Trianon où la Reine la fait parfois appeler, le cabinet de Jacobs Moreau, historiographe du roi, source importante d'informations sur ce qui est entrain de se préparer en ces jours difficiles.

... un univers clos, une existence difficile, rebutante, à laquelle Agathe tient plus que tout au monde, car  la vie ne lui a pas donné autre chose.


  L'information est bonne, la documentation soigneuse et très bien utilisée.Ce n'est pas pour autant un simple roman historique. la Révolution n'est pas l'enjeu du livre car il s'agit pour Agathe de faire resurgir un monde passé, dans lequel elle vit encore, et de le magnifier, sans en gommer les aspects effrayants.

C'est un récit poétique traversé de visions étonnantes : les apparitions de la Reine, celles de personnages étranges tels que le curieux docteur Laroche, responsable de la Ménagerie, l'homme qui met un point d'honneur à ne pas se laver, l'Amoureux de la Reine, ce type de personnage bien connu qui tente de séduire une personnalité à laquelle il s'attache,  et qu'il ne lâche plus ( nous les appelons groupies à présent...),  les enfants-pages, les bals de la Reine, les oranges,ces fruits merveilleux ( après avoir lu ce qu'en dit Agathe, vous ne verrez plus l'orange avec les mêmes yeux...) , les lieux étranges du château, et de ses dépendances.

Faut-il relire des pages sur la Révolution pour mieux comprendre ? Non ! Mais la Divine Comédie peut-être...

J'ai  beaucoup aimé ce livre.

Chantal Thomas est aussi l'auteur d'essais, mi-théoriques mi-autobiographiques, tels que «  Comment supporter sa liberté »

http://revueletrait.blogspot.com/2006/05/entretien-avec-chantal-thomas-extrait.html


«  Souffrir » que je viens juste d'acheter

Et aussi les Cafés de la mémoire, sorti en Avril. Il est toujours temps de réécouter l'auteur en parler à l'émission du jour au lendemain du 9 juillet 2008.



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