L'Olivier, 2007.
Une explosion atomique, suite à un conflit dont on ignore les circonstances, a profondément altéré l'environnement.
La faune et la flore ont été détruites presque en totalité. Infertile, la Terre est vaine. Une couche de cendre revêt toutes choses, les arbres sont morts et les eaux à l'aspect noir ne renferment plus de vie.
Un homme survit depuis plusieurs années avec son petit garçon, né juste après la catastrophe. Il pourrait avoir sept ans (il sait lire et tracer des mots dans le sable), raisonne, et a développé une éthique de vie.
En sept ans, si le gamin a bien grandi, la Terre est toujours dans le même état : la destruction est trop profonde pour que quiconque ait pu faire mieux que de survivre au jour le jour. Sur la route, on rencontre des cadavres calcinés, figés là depuis des années.
L'homme et l'enfant se dirigent vers le sud, espérant y trouver plus de chaleur et la mer, subsistent en pillant les maisons trouvées sur leur chemin, les maisons désertées où l'on peut trouver encore des vivres et des vêtements.
Il leur arrive de bonnes surprises : un pommier qui donne des fruits, une canette de coca dans un distributeur.
Les mauvaises surprises ce sont les rencontres avec d'autres survivants. Ceux-ci sont assez nombreux, parfois organisés en bandes, souvent retournés à l'état sauvage,et assassinent les passants isolés pour les dévaliser. Des actes de cannibalisme ne sont pas rares.
Les armes à feu n'ont pas disparu. L'homme et l'enfant en possèdent une, heureusement.
Le roman est composés de paragraphes jamais très longs entrecoupés de dialogues entre le père et le fils propos laconiques, réservés à maintenir l'essentiel de l'acte de communication.
La fonction phatique (dirait Jacobson) tient une place énorme dans ces dialogues, (ainsi que l'informative), et c'est ce qui en fait la force.
« Il faut qu'on sorte de la route.
Pourquoi papa ?
Quelqu'un va venir.
C'est des méchants ?
Oui. Je le crains.
Ça pourrait être des gentils. Pourquoi pas ?
Il ne répondit pas. Il regardait le ciel par habitude mais il n'y avait rien à voir.
Qu'est ce qu'on va faire, Papa ?
Partons.
On ne peut retourner à notre feu ?
Non. Viens. On n'a sans doute pas beaucoup de temps.
J'ai très faim.
Je sais.
Qu'est-ce qu'on va faire ?
Il faut qu'on se cache quelque part. Qu'on quitte la route.
Ils ne verront pas nos traces ?
Si.
Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
J'en sais rien. »
Un dialogue aussi long est à peu près inutile : chacun des deux sait parfaitement ce qu'il faut faire. Il sert à maintenir la communication. Souvent, le gamin, déprimé par la difficulté de la survie en milieu hostile, se tait, et le père lui dit « Il faut que tu me parles ».
La construction du roman épouse le rythme du cheminement au jour le jour. Le sujet c'est bien « la route » et rien d'autre, en tout cas, c'est ainsi que je le reçois. L'auteur nous promène dans une existence réduite à l'essentiel, à l'élémentaire de ce qui fait la vie de deux êtres qui ont un passé, mais pas d'avenir. La transmission des valeurs s'est faite du père au fils, et peut-être l'auteur veut-il nous dire qu'elle s'est d'autant mieux faite que les deux êtes vivent dans le dénuement, et frôlent quotidiennement la déréliction.
L'impact de la morale religieuse du roman peut irriter, mais on doit en parler : dans la Bible, Caïn est le premier à faire la route. Dieu l'a condamné à l'errance. L 'enfant qui chemine est contraint à une morale stricte, il semble vouloir incarner une sorte de rédemption.
Comme dans l'autre roman de Mc Carthy que j'ai lu (L'Obscurité du dehors), la langue est riche, précise, somptueuse, et sobre en même temps et la traduction admirable.
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