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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 10:44

L'Olivier, 2007.

Une explosion atomique, suite à un conflit dont on ignore les circonstances, a profondément altéré l'environnement.

La faune et la flore ont été détruites presque en totalité. Infertile, la Terre est vaine. Une couche de cendre revêt toutes choses, les arbres sont morts et les eaux à l'aspect noir ne renferment plus de vie.

Un homme survit depuis plusieurs années avec son petit garçon, né juste après la catastrophe. Il pourrait avoir sept ans (il sait lire et tracer des mots dans le sable), raisonne, et a  développé une éthique de vie.

En sept ans, si le gamin a bien grandi, la Terre est toujours dans le même état : la destruction est trop profonde pour que quiconque ait pu faire mieux que de survivre au jour le jour. Sur la route, on rencontre des cadavres calcinés, figés là depuis des années.

L'homme et l'enfant se dirigent vers le sud, espérant y trouver plus de chaleur et la mer,  subsistent en pillant les maisons trouvées sur leur chemin, les maisons désertées où l'on peut trouver encore des vivres et des vêtements.

Il leur arrive de bonnes surprises : un pommier qui  donne des fruits, une canette de coca dans un distributeur.

Les mauvaises surprises ce sont les rencontres avec d'autres survivants. Ceux-ci sont assez nombreux, parfois organisés en bandes, souvent retournés à l'état sauvage,et assassinent les passants isolés pour les dévaliser. Des actes de cannibalisme ne sont pas rares.

Les armes à feu n'ont pas disparu. L'homme et l'enfant en possèdent une, heureusement.

Le roman est composés de paragraphes jamais très longs entrecoupés de dialogues entre le père et le fils propos laconiques, réservés à maintenir  l'essentiel de l'acte de communication.


 La fonction phatique (dirait Jacobson) tient une place énorme dans ces dialogues, (ainsi que l'informative), et c'est ce qui  en fait la force.


« Il faut qu'on sorte de la route.

Pourquoi papa ?

Quelqu'un va venir.

C'est des méchants ?

Oui. Je le crains.

Ça pourrait être des gentils. Pourquoi pas ?

Il ne répondit pas. Il regardait le ciel par habitude mais il n'y avait rien à voir.

Qu'est ce qu'on va faire, Papa ?

Partons.

On ne peut retourner à notre feu ?

Non. Viens. On n'a sans doute pas beaucoup de temps.

J'ai très faim.

Je sais.

Qu'est-ce qu'on va faire ?

Il faut qu'on se cache quelque part. Qu'on quitte la route.

Ils ne verront pas nos traces ?

Si.

Qu'est-ce qu'on peut y faire ?

J'en sais rien. »

Un dialogue  aussi long est à peu près inutile : chacun des deux sait parfaitement ce qu'il faut faire. Il sert à maintenir la communication. Souvent, le gamin, déprimé par la difficulté de la survie en milieu hostile, se tait, et  le père lui dit «  Il faut que tu me parles ».


La construction du roman épouse le rythme du cheminement au jour le jour. Le sujet c'est bien « la route » et rien d'autre, en tout cas, c'est ainsi que je le reçois. L'auteur nous promène dans une existence réduite à l'essentiel, à l'élémentaire de ce qui fait la vie de deux êtres qui ont un passé, mais pas d'avenir. La transmission des valeurs s'est faite du père au fils,  et peut-être l'auteur veut-il nous dire qu'elle s'est d'autant mieux faite que les deux êtes vivent dans le dénuement, et  frôlent quotidiennement la déréliction.

L'impact de la morale religieuse du roman peut  irriter, mais  on doit en parler : dans la Bible, Caïn est le premier à faire la route. Dieu l'a condamné  à l'errance.  L 'enfant qui chemine est contraint à une morale stricte,  il semble  vouloir  incarner une sorte de rédemption.


Comme dans l'autre roman de Mc Carthy que j'ai lu (L'Obscurité du dehors), la langue est riche, précise, somptueuse, et sobre en même temps et la traduction admirable.

Beaucoup de blogguers l'on lus:

Amanda Meyre



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commentaires

U
Cela me fait penser à ce fameux roman, Le parfum dont l'auteur s'est battu des années pour que son scénario ne soit pas adapté, en vain, il a tout de même cédé. Enfin, ce que je trouve surtout dommage, c'est que certains livres ne sont lus que quand le film a du succès....c'est une bonne chose pour l'auteur (et surtout l'éditeur) mais il est tellement dommage qu'il faille cela pour que l'on se tourne vers eux...
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<br /> Je n'ai pas très envie de voir le "Liseur" , car je ne vois pas ce que  le cinéma pourrait apporter de plus à ce texte qui est fort juste.<br />  En revanche, j'irai bien voir le Hérisson, car le sujet est intéressant, et le livre m'avait laissée sur ma faim.<br /> <br /> Je ne trouve pas normal en effet qu'un auteur ne puisse s'opposer valablement à ce que son oeuvre soit adaptée au cinéma...<br /> <br /> <br /> <br />
U
Stylistiquement parlant je vous dirais la même chose, parfait et superbe. Pour ce qui est de la morale religieuse, je n'avais pas relevé. Pour ma part, j'y ai vu un livre assez noir tout comme Dasola avec une fin peu optimiste. Je ne souhaiterais pas non plus le  voir en film, le charme est là à travers le livre, les écrits et ce si joli style. Un travail qui doit être dénaturé par les images. Eh oui trop souvent les succès cinématographiques sont ni plus ni moins des dérivés de la littérature...               
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<br /> Mc Carthy s'inspire, entre autre de références bibliques. Cela frappe aussi dans " l'Obscurité de la mort" un autre roman de lui.<br /> <br /> Beaucoup de romans se suffisent à eux-mêmes, et lorsqu'un film sort, je me dis " encore! Ne pourrait-on pas faire un peu plus de scenarii originaux ? " Ou prendre des romans  mal fichus pour<br /> en faire de bons films ?<br /> <br /> <br />
M
Bonjour, j'ai également parlé de ce beau roman il y a quelques temps sur mon blog (dans le billet "Les histoires les plus simples") mais j'avoue que la piste de Caïn m'avait échappé, et elle n'est pas inintéressante en effet. D'accord avec votre formule sur l'enfant: "il semble vouloir incarner une forme de rédemption"_ de fait, tout le "suspens" du roman porte, à mon avis, sur l'enfant, non pas sa survie possible, mais la permanence (ou la disparition) de l'élan altruiste qui l'anime, et que l'on sent vacillant; le père ne vit que pour et par l'espérance d'humanité qu'incarne son fils. Ce qui peut se lire dans une perspective athée également.
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<br /> Merci de votre lecture attentive. J'irai lire votre chronique. Je pense que tous les romans de " la Route" , les road-movies et même une partie de ce que l'on nomme le roman picaresque ( les<br /> personnages y sont "errants" sans domicile fixe, volontairement ou non, ces fictions remontent à La malédiction qui frappe Caïn. S'il s'agit de fictions occidentales bien sûr. Ma perspective n'est<br /> jamais complètement athée...<br /> Je pense que l'enfant a hérité pleinement des valeurs civilisatrices : à la fin il rencontre une famille qui semble posséder ces mêmes valeurs et tout porte à croire qu'ils le conforteront dans son<br /> idéal. C'est un happy end !<br /> <br /> <br />
C
De mon côté, les références bibliques m'avaient pas mal agacée, mais je ne connais pas assez la Bible pour raccrocher le roman à Caïn. Je suis d'accord avec dasola pour dire que le livre est d'un pessimisme écrasant. A savoir qu'une adaptation est en cours de tournage, avec Viggo Mortensen dans le rôle du père : le paysage est tout gris et il a l'air d'un clochard. Un merveilleux film de Noël ! ;-)
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<br /> Je ne souhaite pas voir un film adapté de ce livre. Il se suffit à lui seul. C'est devenu une manie de porter au cinéma tous les romans qui sortent et qui ont un peu de succès!<br /> <br /> <br />
D
Bonjour Dominique, votre billet est vraiment intéressant (pour moi) car cela me donne une autre façon d'appréhender ce texte. c'est vrai que je n'ai pas pensé à l'errance de Caïn (n'étant pas familière de la Bible) et je ne connaissais pas le terme "phatique". Cela ne m'empêche pas de penser que ce roman est noir et je le trouve pessimiste. Il m'a laissé un sentiment de déprime. Je ne vois aucune lumière d'espoir même à la fin. Sinon stylistiquement parlant, ce livre est superbe. Bonne journée.
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<br /> Oui Dasola , c'est surtout l'écriture qui retient l'attention parce que Mc Carthy est un excellent romancier. le message, ce serait que la vie en vaut la peine, si l'on vit au jour le jour, <br /> le sentiment de continuité étant assuré par le simple fait d'aller de l'avant. Et l'altérité ne disparaît pas non plus. Ceci pour les non-croyants.<br /> Car il y a dans ce roman une morale religieuse que l'on ne partage pas nécessairement.<br /> Bonne journée, hélas pluvieuse!<br /> <br /> <br />
G
Merci, Dominique, ce billet est alléchant. Pour ceux que le thème intéresse, il y a aussi l'extraordinaire "La terre demeure", de George Stewart. C'est, je crois, son seul livre. Mais quel livre !
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<br /> Bonjour Georges. erci de votre visite. Je chercherai à me procurer ce roman, je l'ai noté.<br /> <br /> <br />

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