Les visiteurs vont de l'un à l'autre, en train ou en bateau et font le tour du « Monde » en 80 minutes. Ils peuvent également assister à des spectacles de danse, des tableaux vivants, et acheter des souvenirs dans les commerces du Village International.
Ce décor artificiel et ses coulisses sont la scène où se jouent les existences précaires de quelques couples qui font partie du personnel de ce parc d'attraction. Ils travaillent dur, sont logés dans des bâtiments exigus et obscurs, tassés les uns contre les autres. ; la plupart viennent de loin.
Tao vient du Nord, elle est danseuse depuis plusieurs années pour des spectacles kitsch, et fait de la pantomime, dans des tableaux publicitaires. Taisheng, son ami, est gardien de sécurité du parc. Il a fait embaucher son jeune frère, qui, ébloui par les magnificences du parc, ne cesse de chaparder jusqu'au renvoi. Tous les travailleurs venus de la campagne mènent une vie difficile. Ils se sentent fantomatiques, et, devant ces symboles culturels du monde entier, ne rêvent plus, et savent qu'ils n'iront jamais nulle part même pas en imagination... Les dernières illusions se perdent plus vite dans un décor aussi outré.
Tao avait pour amie Anna émigrée russe, dont elle apprend (par gestes car elles n'ont pa de langue commune) qu'elle est obligée de se prostituer plutôt que de continuer la vie précaire qu'elle mène ici. Car Anna doit subvenir aux besoins de ses enfants. Elle quitte donc le parc...
Son autre collègue de danse, Wei, est surveillée par un ami jaloux Niu, qui exige qu'elle ait son portable allumé en permanence pour contrôler ses allées et venues. Malgré une persécution violente, elle se voit contrainte de l'épouser. Il lui fait du chantage au suicide.
Taisheng a une liaison avec Qun, qui fabrique des costumes, et, sur le point de partir pour Paris rejoindre son fiancé (dans cet endroit merveilleux qu'est ...Belleville, dont Taisheng s'étonne qu'il ne soit pas représenté au parc d'attraction !!!
Tao apprend cette liaison et, de retour dans les sinistres bâtiments qu'ils partagent, le suicide avec elle, au moyen du poêle qui tire fort mal...
Nous assistons à cette longue agonie...
Taisheng « tu crois qu'on est mort ? »
Tao « Non, ce n'est que le début »
Les deux corps sont allongés dans la neige non loin du « désert », où l'employé se morfond à faire tourner le chameau dans un périmètre exigu...
Peu avant, le plus jeune des frères de Taisheng qui travaillait sur un chantier contigu au parc , tombe d'un échafaudage ;: il travaillait de nuit... sur son lit de mort, il écrit ses dernières volontés « l'argent qu'il doit à divers commerçants et amis du quartier, de petites sommes qu'on devra payer à sa place, bien écrits, sagement éloignés sur la feuille de papier qu'on lui a remise.
Pendant le film les personnages sont toujours en déplacement : dans un ascenseur de Tour Effel, sur le cheval, dans le train qui les mène au travail ou les ramène chez eux. Dans ces véhicules il s semblent ne pas bouger. Les plans fixes sont d'ailleurs très nombreux.
Ce qui fait la beauté du film c'est aussi le contraste entre la lumière artificielle du parc en plein jour, et l'éclairage sommaire des petites chambres où les couples s'entretiennent le soir, éclairage intimiste mais sordide, du magasin de couture où Taisheng va rencontrer Qun, la lumière blafarde qui éclaire Tao, parlant avec son amie russe, les petites lampes dans les tramway qu'empruntent les employés du parc pour rentrer chez « eux » ou en partir ( le soleil n'est pas encore levé ou déjà couché, bien sûr...)