Ralentir.
Une silhouette blonde le précédait, cheveux dénoués, sac en bandoulière, tressé en trois couleurs qui ondulait sur la souple courbure des reins ou venait doucement les frapper à cadence régulière. Elle tenait un parapluie, affaissé sur un côté, marchait vite d'un pas résolu, vive, tendue. Comme elle s’éloignait du lampadaire, la pénombre l'avala.
Il la suivrait à distance. La laisserait arriver avant lui, frapper, attendre à l’étage, se montrerait à elle, redescendue, feignant la coïncidence. Non. Ne fais
pas l'idiot. Nous sommes en novembre : elle s'est passée de toi pendant quatre mois. .Mais comment l'aborder ? La dépasser en disant…?
En ne disant rien, en lui touchant l'épaule.
Il la rejoignit effectivement, et, trop tard, on voyait qu'il avait couru.
" Comment va Cosette? demanda Nelly.
-Cosette grandit, Cosette jeune fille.
Quelques heures plus tard, Nelly observait le petit jour qui perçait peu à peu. Un air glacial s’insinuait dans la pièce. Rien ne pourrait décider Guillaume à jamais fermer une fenêtre. Elle rabattit sur eux le couvre-lit, où il dormait la tête tout contre ses seins, abandonné à son repos. Maintenant elle estimait Guillaume à plus haut prix. Le garçon s'était montré tendre, audacieux, explorateur, moins asservi à la réussite d'une performance sexuelle qui n'était plus pour lui une nouveauté. Et Cosette va et vient à l'aise dans la grande forêt, s'arrête, repart, vagabonde jusqu'à n'en plus pouvoir. Mais comment Guillaume en est-il venu à ce point? Ce sont les leçons de toutes les pouffiasses du quartier. Dans un mouvement d'impatience, elle le bouscula. Au creux d' un lit aussi étroit, le petit soubresaut commença à lui fait perdre l'équilibre, la main posée sur le sein de Nelly ,se referma, l’agrippa. ‘il allait s'éveiller, elle lui parlerait de ces autres , et surtout de cette petite sotte d’Ophélie… Non, elle ne voulait pas. Tout ensemble heureuse et dépitée, elle le sentit sortir du sommeil, et reprendre doucement les gestes préludant à l'union sexuelle.