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23 novembre 2006 4 23 /11 /novembre /2006 12:15
Eve pose une main sur la patte de l’animal et un sourire de dérision sur son visage. La patte est déformée, toutes griffes dehors, le visage amusé. Les lèvres se desserrent, la voix s’échappe, avec un rien de hauteur pour prononcer le vœu : « Que je reçoive la somme d’argent adéquate pour achever de payer cette foutue baraque ! « Le membre abîmé du chat se propulse en l’air, retombe avec un son mat, sans que le point de chute puisse être localisé. Petit rire sardonique. Améliore tes résultats, William, et le second vœu sera pour toi. La porte ! des coups assourdissants la font remuer. Coiffée d’une casquette gris-bleu de postière, vêtue d’une robe informe d’un rouge vif, cheveux dénoué, teint jaune, décharnée, Mémé se tient sur le seuil, présentant un gros bas de laine qui déborde de pièces d’or. Elles se répandent sur le sol en tintinnabulant. « Ton désir est exhaussé !. Mais ton fils est mort, broyé par une machine. Voilà la prime de l’assurance ! »
D’un bond, Guillaume s’accroupit sur le lit, trempé de sueur, jeta des coups d’œil effrayés alentours. Sur la table de chevet, le griffon qui supportait la lampe à abat-jour, avec ses couleurs enfantines un peu trop vives, plissa à peine les yeux. L’index appuya sur le bouton blanc une lueur diffuse éclaira les environs immédiats, il se répéta qu’il était sain et sauf. Prit de longues inspirations, le cœur s’apaisa, les pulsations ralentirent...
Mais n’était-il pas seul dans son lit ? Nouveaux frissons de terreur De colère. Elle est encore partie ! Il s’en doutait. l’avait-t-il injuriée dans l’inconscience, fait chuter du lit dans un mouvement violent et involontaire, aurait-il prononcé le nom d’une autre pendant son sommeil ? Balivernes ! Il ne put s’empêcher de scruter le bleuâtre tacheté du lino, à la recherche d’une feuille de papier grossièrement punaisée… De nouveaux coups à la porte d’entrée le firent sauter du lit, défailli, pâmé.
Nelly franchissait le seuil, Noli, ses longs cheveux mouillés tombant sur ses épaules, le torse bien moulé dans un gilet de laine bleu moucheté, court, dont l’encolure en V, désignait la travée des seins.
« Qu’est-il arrivé ? Es-tu malade ? »
Guillaume se laissa cajoler, ébouriffer les cheveux, envelopper de mots doux inquiets, proposer du thé de sa bouteille de nuit, une compresse d’eau fraîche, un inhalateur, le plus longtemps possible avant d’expliquer son cauchemar, le premier.
Pas le second, pas sa terreur folle qu’elle ne fusse partie, ce vide immense dans la chambre, l’étrangeté d’objets d’habitude familiers, qui se dressaient menaçants, et l’impossibilité où il s’était trouvé de reconnaître le sac tressé alourdi d’objets, devant lui sur la chaise, le flacon d’eau de toilette à la mandarine et à la cannelle qu’elle avait laissé sur le bureau, ainsi que le roman…Thérèse Requin ? Pauvre Guillaume, t’es sacrément mordu, remet-toi ! N’avoue jamais…
Chapitre précédent : le retour de Guillaume ( ne peut se faire sans vous...)
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