J'ai lu, vers 1970, le Procès verbal pour lequel il a obtenu le Renaudot en 1963.
Ainsi que le Livre des fuites et Fièvre deux essais publiés à la fin des années 60.
J'aimais bien tout cela à 16 18 ans et même à vingt. Fièvre me semblait l'indice d'un caractère passionné. Le Livre des Fuites qui n'est pas un traité de plomberie
mais un essai de réflexion sur le nomadisme m'a plu également c'était ces années où l'on rêve de ne pas se fixer, de vivre complètement de faire la route, ce sont des livres fait pour plaire aux
adolescents.
Je me souviensque le Procès verbal figurait dans mes romans préférés.
Le personnage principal s'appelle Adam et il erre pendant tout le livre, tente de s'expliquer lui-même et le monde, se retrouve à l'hôpital psychiatrique. Content d'avoir trouvé un asile, il renonce au langage et s'enferme dans le mutisme. Le Procès verbal est le procès du verbe...
Ce roman a été considéré comme moderne (et kafkaïen aussi ! tout y est passé !) parce que Adam a été pris pour un rebelle que la société récupérait. Moi je l'avais cru en tout cas. C'était l'époque où l'on publiait des ouvrages sur l'antipsychiatrie.
Les aspects parodiques du roman étaient amusants et Le Clézio m'a fait rire pour la première fois ( et la dernière).
Le Clézio été pris pour un romancier expérimental, voire révolutionnaire, ce qui était un total contresens. Je pense qu'aujourd'hui, on a oublié tout cela. Cet Adam qui trouve son bonheur dans le non-langage, cet Adam sans Eve.
Plus tard j'ai apprécié le recueil de nouvelles « la Ronde » qui montrent à quel point Le Clézio sait être sensible aux problèmes sociaux et en exprimer le tragique en phrases sobres. Je me souviens de cette jeune fille qui se fait violer dans un HLM, des ces adolescents qui roulent trop vite en moto parce qu'ils sont mal à l'aise.
Les enseignants savent aussi que « Mondo et autres histoires » sont des nouvelles que l'on fait volontiers lire en sixième cinquième et qui aident les élèves à aimer la lecture.
On m'a aussi donné à lire « Désert » un long récit poétique sur le périple toujours recommencé d'un peuple de nomades (toujours le sujet du Livre des Fuites ?), un récit aux accents mystiques. Les nomades sont silencieux. On retrouve le renoncement au langage d'Adam.
Une jeune fille nommée Lalla parcourt ce récit, je ne sais plus ce qu'elle devient.
Et puis ce fut « le Chercheur d'or », un roman initiatique, et « Printemps et autres saisons », troisième recueil de nouvelles. Je n'ai pas tellement aimé ces livres là. Il me semble qu'ils véhiculent une idéologie contestable.
Printemps et autres saisons est une saison de pleurs. L'un des personnages féminins de Printemps et autres saisons, s'exile, dit adieu à l'ami qu'elle avait sur son île tropicale. ce garçon un peu simplet qui la suivait partout en l'assurant de son amour « Ticoco », une autre version de l'Adam du Procès verbal.
La jeune femme ne réussit pas à faire sa vie en milieu urbain, les malheurs pleuvent sur elle comme autant de divines malédictions et l'on dirait que l'auteur veut la punir d'avoir cherché à s'affranchir de ses origines. Ce serait un péché que de quitter son île et plus encore de larguer le garçon qui est hors-langage.
Cela m'a fâché, car l'histoire est carrément édifiante !
Depuis Le Clézio publie tous les deux ans environ un gros roman, sans doute une variation sur les mêmes thèmes. Nostalgie de l'exilé, vraie communication primitive absente... Il y a eu ce roman à propos de cris d'oiseaux qui seraient de la vraie musique... le Clézio un écrivain qui cherche à s'affranchir du langage humain ! Je ne le comprends pas.
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