Denoël (D'ailleurs) 2008, 262 pages. traduit du canadien.
C'est l'histoire de Bassam, à Beyrouth au début des années 80. Lui et son ami Georges finissent leur adolescence dans une ville en guerre où des bombes éclatent tous les jours. Ils n'ont jamais connu que la guerre, laquelle leur a pris une grande partie de leur famille.
Lorsque tout le monde se réfugie dans les abris souterrains, Bassam reste sur place « Moi, je refusais de descendre. Héritier d'une longue lignée de vaillants guerriers, je ne voulais mourir qu'à l'air libre, debout sur la terre aux boues fertiles, la chanson du vent à mes oreilles ! »
Il aurait pu chanter « Let Me die in my footspteps before I go down under the ground », mais de la radio de sa mère ne s'échappent que les trilles de Faïrouz « cette pleurnicheuse qui fait de ma vie un lugubre enfer »
Dans un monde sans foi ni loi, Georges et Bassam ont versé dans la délinquance pour survivre et profiter de leur jeunesse. La guerre, c'est aussi la fête et des jeux d'autant plus dangereux, que la mort rôde partout. Georges est surnommé De Niro : il organise des soirées délirantes où chaque participant se tire dans la tempe avec un revolver à barillet.
Par ailleurs les deux jeunes gens travaillent pour presque rien, Georges au casino, et Bassam au port à décharger des navires. Pour gagner un peu plus, ils détournent de l'argent, vendent du mauvais whisky à Beyrouth Ouest... Georges cherche à s'engager dans la Milice chrétienne et Bassam voudrait fuir à l'étranger.
Ce roman distille un réalisme très bien venu qui donne l'exacte mesure du désarroi et de la révolte des jeunes dans une ville en guerre. Ce
pourrait être n'importe quelle ville...
Par ailleurs la dernière partie est fort intéressante : le contact du jeune homme avec une ville en état de paix sociale ( Paris) et ses réactions de jeune traumatisé par la guerre, toujours sur la défensive, mais essayant d'idéaliser son appréhension à l'aide de souvenirs de leçons d'hisoire sur la France, cette partie est d'un ton fort juste.
Hélas à certains moments, quand le récit avance, le narrateur se livre à des exercices de style dans le genre lyrico-délirant dont l'effet me semble
fâcheux.
Exemple : le garçon est sur le toit de sa maison et songe à regagner sa chambre :
« j'ai regardé le canon bien en face. Je pensais aux innombrables façons de partir : le fantôme pouvait te tordre la bras et te décharger l'armes sur la tête et si tu avais de la chance mon mai, il pouvait te pousser par-dessus bord pour voir si la perdrix te rattraperait sur son dos en gloussant, ou pourchasser les roquettes qui nous pleuvent dessus jusqu'au désert du Nevada, au tic-tac de Big-Ben ou à la tour penchée de Pise. Je pouvais aussi m'accrocher à la perdrix plonger dans la Méditerranée, donner la chasse aux poissons toxiques et me faire pincer les doigts par les moules....tirer au pistolet à eaux sur lesa anges byzantins asexués en faisant bien attention de ne pas renverser de champagne sur les robes du soir des touriste... Immoler des nymphes sous-marines, recueillir leurs petits costumes verts... » Etc. il ya en a pour une demi-page d'élucubrations de ce genre et je ne les trouve pas du tout poétiques, lassantes seulement... et j'ai cessé assez vite de les lire... heureusement on suit très bien le propos en évitant ces accès de lyrisme qui semblent avoir été rajoutés, mais pourquoi???
Et bien pour le plaisir des lecteurs! la plupart ont été séduits par ces effusions surréalistes. Moi pas, mais moi de toute façon je n'aime pas grand chose....
Ce roman mêle le très bon et le mauvais. Il gagnerait en force et en concision d'être lesté d'au moins cinquante pages...
Merci à Violaine et à
de m'avoir expédié ce roman.
D'autres avis ? presque tout le monde en a parlé; je suis la dernière! Ces derniers temps je n'ai aucune inspiration...
Mais lisez aussi l'article de Fashion
et celui de Calepin
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