Ziyi Zhang | |
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M.Chow, ( Tony Leung) a aimé autrefois ( dans le film précédent « In The Mood For Love ») une femme mariée Su Li Zhen, à présent disparue de son existence. Il nous relate en voix off son parcours depuis cette aventure malheureuse, cette tranche de vie est plus mouvementée que dans le film précédent. Dans un tripot, il a rencontré une autre femme qui prétend s’appeler aussi Su li-Zhen ; ce beau spectre,tricheuse professionnelle, lui gagne au jeu de quoi se loger. Mais, incorrigible, il veut retourner dans la même chambre, de l’hôtel où il voyait jadis Su li- Zhen. Cependant la chambre n’est plus libre ,il doit prendre la 2047. Pour faire son deuil ,il commence à écrire un roman qui s’intitulera « 2046 » ; on sait que c’est la date prévue pour la fin du statu quo de cinquante ans accordé par Pékin à Honk-Kong depuis l’ abandon de l’ancienne colonie britannique à la Chine ; c’est aussi un train imaginaire dans lequel un jeune homme voyage qui ressemble au narrateur en plus jeune ; c’est l’espace fictif dans quoi M.Chow installe ses créations, personnages et intrigues, délibérément dans le genre de la science fiction, pour lui nouveau territoire à défricher ; c’est un lieu dont on ne revient jamais sauf le narrateur ( et encore…il se contredit à ce sujet) c’est peut-être bien aussi le chiffre de la mort.
Pendant ce temps de la création, M. Chow va avoir de nouvelles liaisons, d’abord avec la nouvelle occupante de la 2046, Bai, une prostituée, liaison mouvementée gaie et triste à la fois puisque la femme s’amourache de lui et qu’il va la repousser ; puis une relation platonique avec la fille du propriétaire qu’il aide à correspondre secrètement avec son amant japonais. Tous deux écrivent un roman de chevalerie, une besogne quelque peu alimentaire mais qui induit une complicité entre ces deux êtres. Cette fois, c’est lui qui tombe amoureux mais la jeune femme approfondit sa relation avec le japonais qu’elle épousera ; c’est alors que Chow imagine la fille du propriétaire sous les traits d’une androïde dans le train fantôme ; et son impossibilité à la toucher.
Le film s’ouvre et se ferme sur le creux d’un tronc d’arbre ; en effet il est répété plusieurs fois dans le film que si l’on a un secret il faut le chuchoter dans le creux d’un tronc et recouvrir de terre. Mais ce creux ressemble aussi à l’ouverture d’un coquillage… de nombreuses répétitions poétiques rythment le récit ; à la fin comme au début, il propose à la mystérieuse joueuse de cartes à la main gantée de noir, de « partir avec lui » chaque fois il tire une mauvaise carte ( un Roi de cœur la première fois, une petite carte la deuxième) tandis qu’elle tire l’as de pique.
Une grande beauté esthétique dans chaque plan. Exemple : Lorsque Chow se met à écrire sur son histoire impossible avec le fille de l’hôtelier, on a un gros plan sur le stylo plume au-dessus de la feuille de papier, qui ressemble à une tête de serpent pourvue d’un œil. Les heures passent et la plume-serpent reste suspendue au-dessus de la page blanche avec des éclairages différents correspondant à divers moments de la journée ; tout cela parait peu de chose mais rend un effet remarquable. Je ne parle pas de la musique du film riche, variée, toujours prenante.