J'ai feuilleté à la Fnac le catalogue des eaux fortes et estampes de Rembrandt
il s'agit bien des œuvres présentées l'an dernier au Petit Palais ou encore à la BNF, ça s'intitule « La lumière de l'ombre » et l'on trouve par exemple cette « femme qui pisse « dont je me souvenais dans la catégorie « sujets libres ».
On y trouve aussi ' L'Homme qui pisse » c'est une catégorie de sujet libre appelé « facéties », et Rembrandt renouvelle le genre par le réalisme provocateur dans les poses des personnages. Au dix-neuvième siècle encore on qualifiait cette estampe d' »horreur artistique »!
D'autres estampes sont très belles dans le même esprit tel que « le lit à la française » le couple qui fait l'amour est vêtu dans une lit profond comme un tombeau (on l'appelle « lit en tombeaux ») avec une abondance de literie et coussins moelleux on distingue le visage de la femme qui est satisfaite.
" Nous aurons des lits profonds comme des tombeaux..." dira plus tard Baudelaire.
Un paysage :
Une autre estampe « L'Espiègle » montre un berger et une jeune fille au bord de l'eau ; le berger joue d'une longue flûte en direction de la femme et la regarde par en dessous ; le hibou sur son épaule symbolise la folie et la luxure dit-on. Au loin des moutons se mêlent entre eux au lieu de brouter.
Toutes les gravures érotiques sont intéressantes, j'ai jeté un coup d'œil aussi sur les sujets religieux aussi.
On voit un Saint-Jérôme écrivant sous un saule. Absorbé dans la lecture des Ecritures sa tête de mort et son crucifix en face de lui. Bien sûr le saule est l'élément important avec son vieux tronc noueux et noir, la tête de son lion émerge à droite de l'arbre : à vrai dire c'est davantage une lionne qu'un lion à voir le museau.
St Jérôme Adam et Eve
Lorsque Baudelaire écrit " Rembrandt triste hôpital tout rempli de murmures/ et d'un grand crucifix décoré seulement... " je trouve qu'il exagère! les dessins et gravures témoignent d'une observation de moeurs, gestes et attitudes diverses, une comédie humaine pleine de vie, de bizarreries, de cruauté, avec aussi du grotesque, des costumes d'apparat, de la joie et de la malice, et c'est vrai aussi pour les peintures.
Ce n'est pas parce qu'il a peint un philosophe en méditation, dessiné sa femme malade, et des cadavres ( tous les grands peintre, à parti de la Renaissance, ont représenté des malades , des mourant et des cadavres!), qu'on doit le faire passer pour un peintre neurasthénique et d'une sobriété monastique!!
Ses nombreuses scènes bibliques ne sentent pas le religieux compassé, ni la piété outrancière! Voyez ce st Jérôme de quoi il a l'air? Il en fut de plus malheureux.
Quant aux couleurs, il a sa palette comme chacun, mais elle n'est pas particulièrement triste ou pâle! Dans le registre du clair-obscur simple et recueilli, c'est
plutôt de La Tour qu'il faudrait parler.