Actes-sud, 430 pages. Titre original « Spieltrieb »
Le titre original signifie « pulsion ludique ».
Mais le traducteur ne s'y est pas trompé. Cette fille sans qualités s'inscrit bien dans une perspective « musilienne ».
Ironie mordante, métaphores très « physiques », parfois inventives, goût pour la formule à l'emporte-pièce, et la « citationnite » implicite ou explicite. Ton souvent incisif, personnages tendant vers le « surhumain »... façon de titrer les chapitres par des phrases entières qui expriment une action.
Enfin l'Homme sans qualités est présent comme roman, le préféré du professeur, étudié par ses élèves.
Ada est une adolescente de 14 ans qui vient d'intégrer l'école privée Ernest Bloch. Elle s'est fait renvoyer des écoles précédentes pour actes de violence (y compris physiques) insolence, attitudes provocatrices. Très consciente de son intelligence, elle cultive un sentiment de supériorité et méprise les autres élèves. Ainsi que les professeurs, qu'elle remet à leur place, d'une seule réplique. Dans ce roman, les professeurs se laissent facilement déstabiliser, on se demande ce qu'ils feraient avec une trentaine d'élèves en difficulté.
En tout cas, dans son nouvel établissement, Ada va rencontrer Alev, un élève aux origines multiples( notamment iranienne), qui a la même certitude d'avoir une intelligence supérieure, sentiment entretenu depuis toujours par les adultes autour de lui...ces élèves ont déjà tout lu, tout vu, tout pensé, ils sont désespérément à la recherche de quelque chose de neuf, et discourent à n'en plus finir sur la mort de Dieu, l'équivalence du bien et du mal.... Et sont à l'affût d'un divertissement à leur mesure.
Ada plaît beaucoup à Smutek, professeur de sport qui donne aussi des leçons d'allemand. Alev et elle vont se servir de ce penchant pour démolir cet enseignant. Vont-ils y parvenir ? C'est ce que j'ignore, car j'ai arrêté ma lecture au bout de deux cent pages... allergique au style et aux personnages.
Les héros ont bien quelque chose de musilien, mais, ayant l'âge de l'élève Törless, les jeux auxquels ils se livrent sont plus proches de ceux de Beineberg et de Reiting dans ce roman, que de l'Homme sans qualités. Sans que soit développée cette esthétique particulière, qui peut encore plaire dans Törless.
Alev p. 146 « Il ne lui faudrait pas longtemps pour se propulser au cœur de l'action, occuper la position enviée et redoutée d'un roi sans peuple, assailli par des nuées de sujets potentiels, d'autant plus désireux de le servir qu'il se refusait à accepter leurs services. Il avait gagné la partie un peu partout dans le monde... Alec estimait que les enseignants et les élèves du Lycée Ernst Bloch se laisseraient mener plus docilement qu'un troupeau de moutons privés de son bélier de tête ».
Déjà, en relisant des fragments de l'Homme sans qualités, j'avais été déçue par certaines pages (un de mes billets sur l'HSQ) et là je n'ai pas envie de reprendre Musil ( que j'avais adoré ...!) pas plus que de pousser cette lecture plus avant...
Vous avez lu La Fille sans qualité et l'avez aimée ? défendez-là !
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