Ce film documentaire retrace quelques moments forts de la vie du planning familial de plusieurs villes frannçaises.
Au travers d'une série de cas tous courants et tous singuliers, nous écoutons des jeunes filles qui viennent pour demander la pilule, qui craignent d'être enceintes, ou le sont effectivement. La crainte des parents, plus spécialement de la mère, est ce qui les hante le plus.
Des femmes plus âgées qui viennent demander une IVG, certaines sont dans des situations particulières.
Une femme mariée ne sait pas de qui elle est enceinte : elle raconte son quotidien infernal, agressée en permanence par son mari et son autre partenaire. Cette femme était en danger, on aurait dû lui offrir un hébergement pour elle et sa petite fille, menacée aussi. Car dans ce cas précis, l'avortement n'aurait rien résolu, le problème étant que cette femme était la proie de violences conjugales et extraconjugales.
On reçoit un couple : l'homme est obsédé par la virginité de sa compagne qu'il met en doute ; il hurle, elle baisse les yeux, regarde le tapis, se tait.
Une jeune femme suivie en psychiatrie n'osait pas garder sa grossesse parce qu'elle ne se sentait pas le droit d'avoir un enfant, étant « un cas ».
Une jeune fille a tellement peur de sa mère fureteuse, qu'elle passe son temps à dissimuler sa boîte de pilule dans les endroits les plus improbables.
Une jeune femme est « tout le temps enceinte » en dépit de moyens contraceptifs divers qui tous échouent, pilule, stérilet, préservatifs... et se pense victime d'une incroyable fatalité. Une autre n'espérait plus être enceinte mais ne peut pas le garder.
Des femmes enceintes de trois mois révolus ne peuvent avorter en France et doivent se rendre dans une clinique à Barcelone, seules le plus souvent, avec au moins quatre cent euros en argent liquide. Après l'intervention, elles reprennent le train, sans avoir le temps de se remettre. Une jeune barmaid va refaire ce trajet pour la deuxième fois, avec un brave sourire. Elle travaille dix heures par jour, et n'a pas le temps de s'arrêter pour réfléchir, penser à sa vie. Tout va trop vite... La misère du monde.
Dans la plupart des cas, on sent curieusement que l'ambivalence est le sentiment qui domine. Une femme qui veut garder sa grossesse est toujours tentée par l'avortement, et inversement.
Les conseillers conjugaux sont interprétés par des comédiens (Nathalie Baye, Anne Alvaro, Michel Boujenah, et aussi Lolita Chammah, fille d'Isabelle Huppert, que je vois à l'écran pour la première fois...). Ces travailleurs sociaux, pleins d'empathie, nous sont fort agréables, mais on partage aussi leur stress quotidien, leur solidarité, leurs moments de solitude. Et en fin de compte, on distingue aussi bien qu'eux la limite de leurs interventions dans les cas les plus épineux. Une marge d'intervention de plus en plus étroite, un métier de plus en plus difficile, avec la baisse drastique des subventions, et la montée des extrémismes religieux.