Ce dessin de Bruegel représente un énorme poisson éventré. De sa gueule ouverte jaillissent une myriade d’autres poissons ayant dans leurs gueules d’autres et ainsi de suite comme des poupées gigognes. Mon blog est un de ces poissons minuscules, vous ne pourrez le reconnaître. Le regard va ensuite sur l’homme qui a éventré le poisson (en fait, il y en a deux). Bien vite on se rend compte que d’autres scènes complètent celle-ci : un homme dans une barque désignent la chose à un autre. A gauche, un poisson à jambes humaines marche à grands pas avec un autre poisson dans sa gueule. Dans le ciel , il y a un poisson volant. Alentours, dans l’eau, des poissons en absorbent d’autres… la scène entière, allégorique ( manger ou être mangé ) est également grotesque, comique, fourmillant de détails saugrenus et alliant le trivial et le fantastique. J’ai toujours été fascinée par Bruegel, ses monstres, ses créatures bizarres, ses gens en mouvement, son visage de paysanne en gros plan qui semble perdre son dentier,
son univers de folie et de rudesse, ses immenses paysages aussi.
Pour trois euros, une bonne monographie du peintre m’attendait chez Gibert.
"Christian Vörhinger Bruegel l’Ancien"
Publiée chez h.f. Ullmann (Maîtres de l’Art flamand) 2007, 140 pages 141 illustrations en noir et en couleur.
Chronologie, glossaire, Bibliographie sélective. 11 chapitres. Format 22 X2 5, 5 cm. le livre est relié.
Titre original : Meister des niederlandischen Kunst- Pieter Bruegel.
Une monographie, pas savante, mais pleine de renseignements. Les illustrations de tableau sont relativement grandes, bien commentées, avec beaucoup d’illustrations complémentaires de détails. Celles-ci sont, il est vrai, indispensables pour des tableaux fourmillant de personnages et de petits détails qui échappent à l’œil nu. Bruegel est un de ces peintres, chez qui, pour le Portement de croix, vous cherchez en vain Jésus et son fardeau, comme une aiguille dans une botte de foin, tant l’image fourmille de scènes, dont certaines ont à voir avec l’action principale ( les femmes en pleurs en premier plan ; les larrons emmenés dans la carriole ; ) et d’autres non ( les badauds comme au spectacle ; des gens vaquant à leurs occupations comme si de rien n’était). La scène représentant Simon de Cyrène tiré vers le Christ pour l’aider à porter sa croix, est difficile à identifier comme telle.L'auteur aide à s'y repérer.
Le contexte historico-politique est bien rendu, des reproductions d’autres maîtres sont fréquemment données sur la même page en comparaison (ainsi Patinir pour le repos pendant la fuite en Egypte)
Les tableaux difficiles à bien comprendre, tel celui des Proverbes flamands ou des Jeux d’enfants sont reproduits en noir page suivantes avec des légendes et des numéros pour chaque action de personnages.
Bref un vrai miracle que cette monographie !