« La Journée de la jupe » de Philippe Lilienfield avec Isabelle Adjani et Denis Podalydès
Seule en scène
Sonia Bergerac est professeur de français dans un collège difficile. Frustrée dans son enseignement ainsi que dans sa féminité, elle a décidé aujourd'hui de porter une jupe, bien que le principal l'ait déconseillé car il en faut peu pour provoquer les élèves.
Et quelle jupe !
Grisâtre, mal coupée, pas repassée, ni courte ni longue, ni classique... elle ne ferait envie à personne. Heureusement, Sonia se rattrape avec la jolie veste d'un blanc immaculé.
Elle emmène ses élèves dans la salle de théâtre pour répéter le Bourgeois gentilhomme. Des élèves, bruyants, insolents, injurieux, comme on en voit beaucoup sur les écrans de cinéma actuellement.
Ils n'en finissent pas de se lancer leurs sacs à la figure, Sonia réussit à en intercepter un, mais c'est pour y trouver un revolver chargé...
Elle s'en empare, s'enferme avec son monde. Un peu refroidis, les élèves se voient contraints d'entendre le cours sur Molière qu'elle a toujours rêvé de faire. Et ils se résignent à répéter le vrai nom du dramaturge. Sonia leur assène un discours de morale digne de Jules Ferry.
C'est alors qu'un élève réussit à lui reprendre l'arme....s'ensuit un règlement de compte entre élèves où il apparaît qu'une des filles a été violée et filmés et que les gars regardaient ça sur leur portables pendant la classe. L'horreur...
J'oubliais qu'à l'extérieur la police est présente, la télé aussi, et Sonia doit les affronter autant que les élèves.
Nous sommes des spectateurs de télévision (plutôt que de cinéma) : nous entendons et voyons les acteurs du drame-fait divers, avec les yeux et les oreilles de la caméra télé : les gens qui s'expriment sont filmés pour les Actualités et le savent : répliques, parfois comiques, le plus souvent aberrantes, de drôles de propos à l'extérieur comme à l'intérieur. Le prof qui cite le Coran pour plaire à ses élèves, le principal qui ne veut pas risquer d'être mal noté en dénonçant tel ou tel type de situation, les parents qui se plaignent d'être parqués dans la cité comme des animaux, les plaintes sur l'incapacité de la police, l'indigence du ministre...
La situation tragi-comique évolue le film devrait être une comédie, dans lequel l'actrice meurt en scène ( un peu comme Molière ?). Les moments de théâtre sont réussis, les passages télé ne sont pas subtils, le film que l'on suit jusqu'au bout, entraîné, comme à la télé.
Des temps morts pourtant, le cours de morale de Sonia, on l'a entendu mille fois et je ne le crois pas pertinent. Les vrais élèves en travaillent ni pour réussir, ni pour faire plaisir à leurs parents, mais pour eux, parce qu'ils aiment étudier. En dehors de cela le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Et le personnage assez invraisemblable du lieutenant de police négociateur et malheureux en ménage ( Denis Podalydès) qui assume un rôle difficile.
Isabelle Adjani a des dispositions pour le rôle du professeur tout de frayeur, d'émotion de réactions à chaud. Dans ce type de situation, on peut bégayer, rouler des yeux, s'agiter ect...
Pour en savoir plus, lisez Dasola
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