La haine de la démocratie ( Jacques Rancière) La Fabrique.
« La politique c’est l’art d’empêcher les citoyens de se mêler de ce qui les regarde » disait Valéry.
Jacques Rancière démontre ici qu’au contraire la politique commence lorsque les citoyens se préoccupent d’eux-mêmes, de ce qui les concerne, et le font savoir. C’est ce qu’il appelle « le supplément démocratique »
Qu’en est-il de la démocratie ?
Actuellement ce mot est surtout employé dans un sens négatif : c’est uu laisser-aller général qui favorise l’individualisme chez le citoyen ainsi que son penchant « grégaire ». D’où cet oxymore fort répandu « l’individualisme de masse ».
La démocratie est dénoncée comme corruptrice, la participation du plus grand nombre à la vie publique est déclarée
gênante, le libéralisme ( façon habituelle de désigner le capitalisme) est très tendance surtout parmi
les ex-gauchistes.
On dénonce aussi les« penchants criminels » de la démocratie( Jacques Rancière analyse le livre de Milner).
Mais ce mot est employé aussi dans un sens favorable : les Etats-Unis ont donné « la démocratie » à l’Irak par la force des armes.
Que devient le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?
Démocratie :
Victorieuse ou criminelle ?
On ne s’y retrouve plus. Sauf que « démocratie » a toujours fait l’objet d’usages paradoxaux.
Dans les années 60 le discours officiel disait : nous sommes en « démocratie » c'est-à-dire que nous sommes opposés au totalitarisme.
Les révolutionnaires eux, déploraient que nous ne soyons pas en démocratie, ils pensaient qu’elle serait instaurée par la « dictature du prolétariat ».
La démocratie était déjà décriée par Platon qui en fait le pire des gouvernements ( La République VIII,IX) ; ne dégénérescence de l’oligarchie qui mènerait à la tyrannie. Les citoyens sont la proie de désirs « non nécessaires » (ou besoins institutionnalisés) provoqués par l’accroissement des richesses auquel ils ont accès relativement peu ou prou. La démocratie est désordre et perte des repères, pour cause de mélange (l’or, symbole de l’élite se mêle à l’argent, symbole militaire, qui se mêle au bronze, symbole de l’artisanat). Il n’y a plus que des êtres hybrides. C’est le désordre. La démocratie crée le trouble : s'y font entendre « ceux qui n’ont aucun titre à gouverner »
Pour Platon, partisan du régime aristocratique, les élites doivent gouverner ( les plus riches, les « bien nés », les plus savants ) un peuple qui doit pouvoir satisfaire ses besoins mais ne saurait en aucun cas avoir des désirs.
Il faut reconnaître qu'actuellement les gouvernants sont fort à l'aise mais pas les plus riches, certainement pas les plus savants(!!)
le second terme " bien nés"je ne sais trop ce qu'il pourrait signifier.A priori, la démocratie serait plus que jamais acquise...
Et pourtant, la haine actuelle pour ce système est plus forte que jamais « le gouvernement démocratique se laisse corrompre par la société démocratique qui veut que tous soient égaux et toutes les différences respectées ».
C’est vrai que l’effet de la démocratie est la participation aux affaires publiques et qu’elle tend à une forme de vie qui se tourne vers les satisfactions individuelles.
Cela gêne le discours de l’équipe gouvernementale au pouvoir, mais aussi l’opposition ainsi que l’intelligentsia de droite comme de gauche.
D'un point de vue philosophique, la démocratie