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25 avril 2006 2 25 /04 /avril /2006 19:48

 

Résumés des ch.préc. Guillaume, un ado désoeuvré passe a quitté sa chambre pour aller draguer dans une manif de 1969. Nelly qui n'a connu que des amours de chantiers a pris plaisir à initier ce lycéen. Mais elle veut s'installer chez lui. il la persuade de squatter l'appart de ses parents à elle.

 

Le Marteau Piqueur, Nelly l’a inventé à partir de récits lus ou entendus.

Guillaume et elle traversent le square de la Trinité. Il a insisté pour venir chez elle, et le week-end ayant libéré le petit appartement où elle vit avec ses parents, ils se dirigent vers ce « réduit », ainsi qu’elle l’appelle. En regardant les gamins jouer dans le bac à sable, elle s’imprégne de la présence de Guillaume auprès d’elle, encore interdite qu’il ait pris cette place d’amant et qu’il tienne ce rôle, de telle façon que c’est ce mot romanesque qui lui est venu à l’esprit et non celui de « petit ami » » copain » ou « mec ». 

 

 

Hélas, elle songe à l’an passé.

 

A cette époque, Guillaume, encore presque enfant, se rinçait l’œil à observer les habituées de la bibliothèque, et Nelly tentait d’intéresser le cousin pianiste fraîchement débarqué d’Angleterre que Mme Wilson lui avait présenté avec une déférence rieuse, s’amusant à donner à chacun ses titres et qualités avec une abondance de détails saugrenus. Le cousin Andrew jouait le jeu exagérant politesse et marques d’intérêts à l’égard des lycéennes conquises au style de la bibliothécaire. Nelly avait pris au sérieux ces courtoisies, tout comme elle se fiait à cette femme pour lui servir de mentor.
Sa mère adorait Mme Wilson, tout en disant à Nelly qu’il « fallait rester à notre place ».

 

Maintenant elle montre à Guillaume la pièce à tout faire où se trouvent son lit, une table à usage multiple, sa penderie, et l’entraîne vite dans la meilleure pièce de l’appartement qui est aussi la chambre de ses parents. Guillaume y jette un coup d’œil circulaire et interrogatif. Nelly fait apparaître le lit et les tables de chevet, escamotables, permettant à la chambre de faire office de salon. Cet ameublement encastré répugne à Guillaume. Il n’aime pas davantage la grande plante verte « caoutchouc » ni le papier peint aux coquelicots qui congestionne l’espace vital à cause du charme de ces fleurs et de leur trop vive couleur. Il se hâte de suivre Nelly dans la cuisine pour se rasséréner devant une tasse de café.

 

Bien que très jeune, il se montre curieux d’elle. Comment vit-elle ici ? Avec qui ?

 

Nelly a un mouvement d’humeur. Guillaume, tu l’as vue ma mère et sa blouse bleue, tu l’as peut-être entendue faire son numéro à la bibliothèque ?

-Son numéro? 

 

Mon père est représentant, et le difficile pour en parler, c’est qu’il ne représente jamais la même chose. Ne ris pas.
Nelly commence à pouffer la première. Il a été vendeur d’articles ménagers.

 

Des aspirateurs ?

Oui, bien sûr, des aspirateurs qui servaient aussi de balai à laver, à cirer, de plumeau et de lances d’arrosage… quinze jours plus tard, c’était fini, il vendait des bêches et des râteaux. Puis des assurances contre la vie…des sonnettes d’alarme. Et aux dernières nouvelles, des romans d’amour historiques, des horoscopes et des recueils de sagesse psycho-ésotériques pour les mémères. Là il fait des merveilles : presque deux ans que ça dure.

 

Elle tente de présenter son histoire familiale de façon attrayante, mais elle la juge sordide : ses parents ont tous deux fui l’usine à son âge à elle. Lui, son père pour porter des costards, bouffer au restaurant et tenter d’épater une bourgeoise avec n’importe quel objet  à vendre, elle, sa mère pour faire des ménages, court-vêtue, chez des célibataires.

 

Guillaume insiste pour rester dîner. Ils achètent des sandwiches garnis de thon, salade, tomates confites.

 

C’était dans cette cuisine, que Nelly avait attendu Eve, l’an dernier pendant des heures en buvant tasse sur tasse où, sur le tard, elle versait des lampées de tord-boyau. Ses parents étaient là et savaient qu’elle espérait la visite d’un jeune homme. Elle s’était couverte de ridicule : « Il va rappliquer ton artiste ? » disait son père, railleur et jaloux.

Elle ne devrait pas y penser : Guillaume a un soupçon de ressemblance, avec Eve, la même bouche, les cheveux bien plus abondants, d’un châtain tirant sur le roux. Presque rien.

Guillaume lui caresse la main, et elle manque la retirer.

 

« Ne veux-tu plus qu’on se touche ? ».

 

Si. Bien sûr que. Nelly n’a pas prévu que les souvenirs jailliraient. De misérables lambeaux qui n’en méritent pas le nom.

 

Pourtant elle a retiré sa main.

 

« Tu étudies le piano comme ton cousin ? » risque-t-elle.

 

Guillaume secoue la tête. Il aime bien jouer mais n’a aucune disposition particulière. On lui a donné son cousin en exemple… la phrase tourne court. Guillaume veut parler de ce qu’il aime faire et n’y parvient pas.

 

Son artiste ! Elle l’avait écouté en concert, debout dans un centre culturel, avec quelques admirateurs, desquels Guillaume devait faire partie lui, le « gamin » de Mme Wilson, pour qui elle n’avait alors pas eu un regard. Voyant Andrew souffler, ahaner, ruisseler, avec des gestes crispés, le visage grimaçant, sur son instrument, elle lui avait trouvé une touche dionysiaque. Tout d’abord, elle avait repéré en lui des harmonies apolliniennes ; une remarquable complétude devait l’habiter.

 

Guillaume retrouve la mémoire pour lui dire qu’il s’apprête à copier en ce moment un tableau.  très difficile.

 

Nelly ne peut plus rien absorber, et Guillaume ne cesse de manger, sortant de la soupière qui sert de compotier, pêches, poires et bananes qu’il pèle avec délicatesse et déguste lentement l’un après l’autre sans souffler. C'est lui dit-il, un tableau qui représente Jésus sorti du tombeau, et Madeleine qui s’élançe vers lui. Il tente de l’écarter sans trop de conviction : Noli me tangere : ne me touche pas.
Nelly en profite pour dire qu’elle veux bien, seulement chez ses parents, ici, elle perd la tête.

Ce qui n'empêche pas Guillaume de s'étendre sur le lit marital en face du poste de télé qu'il considère hésitant.

« Bon , dit Nelly embarrasée, je sais ce que tu penses! mes parents sont entichés de ça ; ils ne sont pas très... moi je ne la regarde jamais !» achève-t-elle fièrement.

 

 

Guillaume hoche la tête comme s'il comprenait. A la surprise de son amie, il allume le poste, et bientôt s'arrête sur un générique.

Tandis qu’il regarde « La Poursuite impitoyable » à quoi elle jette un coup d’œil de temps à autre en direction de Marlon Brando en shériff habité de préoccupations éthiques, les scènes de l’an dernier reviennent encore l’assiéger.

 

Pour Andrew, elle avait raté le dernier métro, et dû passer la nuit chez les Wilson ,  on lui avait offert un  lit de camps dans la chambre de Fiord.

Une interminable et honteuse attente. Vers minuit, on avait eu la tranquille audace de s'immiscer dans la pièce, et elle le tort de suivre ce tout autre partenaire,  quelque part dans la nature.

L’avait relancé les jours suivants et obtenu un rendez-vous dans un restaurant indien où, sans fournir la moindre excuse, il avait tenu à commander d’indigestes boissons au yaourt, assorti de couplets ironiques, quoique farcis d’éloquence, sur les bienfaits des laitages, de la cuisine asiatique, de la douceur de la nuit et des pulsions engendrées par la pleine lune.

Elle avait déjà consommé la moitié de la bouteille de gnôle du placard de la cuisine par sa faute et peut-être sentait-il son haleine. Au court d’une conversation animée où elle n’avait pas hésité à lui dire qu’elle le désirait,encore, il lui avait répondu qu’il n’aimait pas les « mangeuses d’hommes . »

 

« Quelque-chose ne va pas ? ».

Elle se laisse réconforter par Guillaume qui éteint le poste et discute de la « Poursuite », quasiment seul, en la caressant, et l’appelant Noli. Nolli.

 

 

Elle s’était infligé quelques individus supplémentaires, avait enduré leurs assiduités ans les regarder, sans les toucher, sans leur parler, parce les Aînées disaient qu’il fallait avoir de l’expérience, et d’abord s’habituer au déduit.


 

Questions pour les champions :


1) Quelle est l'intrigue de "La Poursuite impitoyable"?

2) Quel  fut le tout autre partenaire ?

3) Dans quel chapitre du présent récit a-t'on déjà rencontré le "cousin Andrew"?

 

Réponses dans "GW" N° 9

 

 

 

 

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