16 juillet 2006
7
16
/07
/juillet
/2006
14:25
La Dolce vita : relation événementielle (après avoir vu le DVD).
Ouverture : Midi : temps clair.
Des femmes en maillot de bain saluent 3 journalistes qui emportent une statue du christ en hélico au-dessus de Rome.
1) Soir : Marcello Rubini, l’un des trois, dîne dans un restaurant où l’on se rince l’œil à voir des danses indiennes lascives avec masques. Il se fait engueuler par un consommateur âgé qui l’accuse de donjuanisme.
En compagnie de Magdalena ( Anouk Aimée) il se promène dans Rome la nuit « une jungle tiède et tranquille »
. Ils emmènent des prostituées quinquagénaires qui font du stop.
L’une d’elle les invite prendre un café à su casa. Le sol de son logis est inondé ; on doit marcher sur des planches.
Pendant qu’elle fait des préparatifs, le couple se bécote sur le lit dans sa chambre.
Le souteneur arrive et engueule la prostituée.
2) Matin : Marcello rentre chez lui : Emma, (Yvonne Furnaux) son amie régulière, vient d’avaler des narcotiques. Anxieux, furieux, il la réprimande violemment,la fait vomir et la conduit à l’hosto.
Il téléphone chez Magdalena, pas de réponse.
3) Le voilà à son travail en compagnie d’une meute de journalistes ( « paparazzi » le mot a été inventé à ce moment-là ) qui viennent accueillir la blonde star américaine, Silvia (Anita Eckberg). Grosse pizza. Questionnaire ultra bête auquel la belle se soumet avec complaisance.
Une question de cinéma destinée au spectateur « Croyez-vous que le néo-réalisme est mort ? »
4) Emma est remise de sa tentative de suicide avortée ; elle appelle Marcello, jalouse, puis l’invite à rentrer pour manger des raviolis.
5) Marcello et Silvia montent dans le clocher de l’église. Corpulente mais rapide personne ne peut suivre la star, lui excepté. En haut, Silvia perd son chapeau.
6) Discothèque ; soir : Marcello lui fait du baratin genre sentimental. Silvia porte une robe noire avec un bustier très décolleté et une grande abondance de jupons.
Un artiste mime Presley et chante un de ses tubes.
Arrivée de Frankie un ami clown de Silvia.
Elle se montre très bon public.
7) plus tard dans la nuit : Arrivée de Robert qui se présente comme le « promis » de Silvia et, la voyant en galante compagnie, lui fait une scène.
8) Marcello s’enfuit en voiture avec sa conquête. On entend crier une chouette à intervalles réguliers ; plaisamment, la star imite son cri. Marcello s’arrête pour appeler « Serge » et emprunter son studio. Non, répond Serge, maman est là.
Marcello explique à Silvia qu’ils ne peuvent aller chez lui ; il appelle Magda qui refuse.
Silvia trouve un chaton perdu et se le love sur le crâne. Ils marchent dans les rues vides.
Arrivés à la fontaine Trévi, Silvia se baigne et Marcello la rejoint.
« C’est toi qui a raison, Silvia, dit Marcello, et nous avons tous tort » faisant allusion à son comportement de femme –enfant qui feint l’innocence.
9) Aube : Les jets de la fontaine tarissent soudain.
Un livreur en vélo apparaît.
10) Marcello et Silvia sont de retour à la discothèque. Robert est endormi dans sa voiture. Des photographes le mitraillent et le réveillent. Robert gifle Silvia et fout une trempe à Marcello.
11) Plein jour ; Marcello entre dans une église ; sous les arcades il a rencontré un ami cher : Steiner (Alain Cuny) qui l’a convié. Cet ami feuillette une grammaire de sanskrit. Il lève la tête et interroge Marcello à propos de son livre en préparation. Marcello élude. L’ami se met à l’orgue, joue un morceau de jazz, puis du classique.
12) Plus tard : Marcello à bord d’une voiture avec un copain et Emma qui lui fourre un œuf dur dans la bouche. Puis une banane.
13) Marcello arrive en retard à un reportage qu’il doit couvrir : deux enfants ont vu la sainte vierge aux environs de Rome. Ils ont six-huit ans, s’appellent Dario et Maria. Interviewée, la mère reçoit de l’argent. Le père nie le miracle. Sa femme le traite d’alcoolique.
Des gens arrivent en masse accompagnés d’enfants handicapés.
14) La nuit est tombée : les enfants courent et mènent la foule en criant « Par là par là ! » Aucun ordre de Rome. Emma suit le cortège ; elle prie la sainte vierge que Marcello redevienne « comme avant »
15) Des projecteurs ont été installés pour mettre en évidence le trajet des enfants ; Marcello monte sur l’un d’eux pour avoir une vue d’ensemble.
Le mot ARGON en grosses lettres rappelle l’installation électrique. Une pluie violente s’abat. Court-circuit sur toutes les lampes.
16) Maria et Dario pointent le doigt vers Emma et courent vers elle, criant « la voilà la madone ». La confusion est générale. L’oncle des enfants les récupère.
17) Le matin : toujours sur les lieux, Marcello et Emma se querellent devant un photographe.
On découvre un mort qu’on enroule sous une couverture.
18) Soirée chez Steiner, l’ami de Marcello. Les invités sont des intellos chrétiens passionnés de sagesse orientale. On cite l’évangile. Des indiennes louent l’amour des « femmes proches de la nature ». Déplorent qu’on ne sache plus faire l’amour ; la civilisation est responsable.
La caméra se déplace vers un Morandi que Steiner commente.
Une prêtresse poète âgée dit d’un air inspiré :« Ne choisis rien » à Marcello ou à Emma. Puis cette dame lève solennellement son verre empli d’alcool et exhale, avec lenteur une bouffée de son long fume-cigarette.
Steiner enregistre des bruits de la nature. Marcello s’ennuie.
19) Les deux enfants Steiner arrivent en chemise de nuit. Steiner dit un poème écrit par sa fille aînée.
Musique et chants indiens. Exaltée, Emma dit à Marcello qu’elle veut une famille comme celle-là.
20) Il s’éloigne vers le balcon. Steiner l’y rejoint. Il dit à Marcello que lui non plus n’est pas heureux qu’ils sont tous deux « professionnels chez les amateurs et amateurs chez les professionnels ». Lui propose cependant de le présenter à un éditeur.
Steiner explique que la paix lui fait peur et qu’elle cache un enfer. Il craint l’avenir, les passions.
Vivre dans l’harmonie totale d’une œuvre d’art. S’aimer idéalement, détaché.
21) Jour : Marcello au téléphone ; scène de ménage avec Emma. Ensuite, il retourne à la table de restaurant en terrasse où il s’attarde, une machine à écrire devant lui, décidé à se remettre à son roman. Une jolie serveuse blonde de 13/14ans, nattée, lui parle et demande des conseils pour devenir dactylo ; elle regrette son pays natal. Marcello apprend son prénom, Paola, et lui dit qu’elle ressemble à un ange.
Marcello rappelle Emma.
22) Marcello et son père s’attablent à une terrasse, en ville. Il lui donne une longue lettre de la mère, parle de son métier avec des louanges forcées. Je connais tout le monde. Le père le questionne sur ses relations avec Emma ; Marcello la fait passer pour sa femme de ménage.
23) Soir : Le père veut aller en boîte au « chachacha ». Une nuée de photographes les suivent. Là-bas, ils voient des filles avec des masques de lionnes ou tigresses et des maillots léopard en compagnie d’un clown. L’une des danseuses connaît Marcello. C’est Fanny (Magali Noël) qui vient à leur table.
Numéro de clown triste avec saxo.
Fanny amuse le père de Marcello ; il appelle un soutien-gorge « nid à colombe ». Le vieux monsieur danse une valse avec Fanny.
Marcello raconte que son père était coureur et qu’il n’a rien à lui envier.
24) La nuit s’avance et Marcello réussit à décider son père de quitter le dancing ; Fanny les invite : à peine arrivés, le papa fait un malaise. Il s’assoit, tourne le dos aux spectateurs et à ses compagnons. Repart en taxi très affecté.
25) lendemain après-midi : Marcello rencontre Nico qui l’emmène dans un château faire la noce.
Un jeune homme longiligne à grande mèche et pull trop long qui se présente comme « le fils cadet » fait les honneurs du propriétaire.
Il présente Marcello à sa mère. Ici on s’ennuie follement promettent-ils.
26) Marcello s’assoit sur une chaise dans une grande pièce. Plus haut , dans une autre pièce, Magdalena qui l’a repéré souffle dans un coquillage qui communique avec le lieu où il est.
Déclaration d’amour, demande en mariage ; Magda, saoule, se plaint d’être une putain. Un homme la rejoint.
Marcello confirme sur le même registre depuis la pièce inférieure.
27) Marcello rejoint la troupe des noceurs aux flambeaux qui va se perdre dans un labyrinthe végétal avec des statues.
Ils pénètrent dans un souterrain qui mène à une aile abandonnée du château.
Des femmes font tourner une table ; l’une d’elles fait une crise d’hystérie, et en profite pour réclamer le fils du maître de maison : Giulio.
28) Matin : la noce rebrousse chemin ; rencontre de la maîtresse de maison qui va à la messe.
29) Crépuscule : en voiture avec Emma, scène de ménage : Marcello se fait engueuler, son amie lui explique ce qu’est l’amour vrai, façon « foyer pépère et nid douillet » lui reproche de courir les filles. Sort de la bagnole, refuse de remonter. Il la chasse à nouveau lui reprochant son manque d’idéal. Il la gifle, la sort de la bagnole et démarre.
Un peu plus tard, il revient la chercher ; elle a pleuré, marché et cueilli des fleurs sur le bas-côté.
Il fait jour.
30) matinée avancée : Marcello et Emma ont enfin passé la nuit dans le même lit at home et somnolent.
Téléphone : il apprend que Steiner a tué ses deux enfants d’un coup de revolver et s’est donné la mort.
31) Marcello sur les lieux du drame.
On entend un magnéto. La soirée chez les Steiner était enregistrée.
Marcello aperçoit Steiner assis penché avec du sang sur la tempe.
Cadavres des enfants en vêtements de nuit.
Marcello va sur le balcon.
Regarde la ville de jour, paniqué.
32) Partie en courses la femme de Steiner, qui ignore tout du drame, arrive à l’arrêt du bus près de la maison. Marcello court vers elle. Hélas les reporters sont là. Ils se précipitent sur la femme qui sourit, amusée : « Vous me prenez pour une star ? » Marcello peine à les repousser et l’embarque en voiture.
33) Soir ; nouvelle troupe de noceurs dans un appartement moderne. Très arrosé. Arrivent deux gays.
Une femme de 40 ans fait du striptease. Son mari, se fâche. Le proprio Ricardo veut virer tout le monde. Marcello est saoul et casse du matériel en dénigrant les invités, devient cynique, tartine une fille avec des plumes d’oreiller.
34) Matin : la troupe sort d’une pinède et s’échoue sur une plage. Un pêcheur a ramené une torpille morte, énorme avec un œil dont Marcello pense qu’il les regarde.
35) Vision de Paola la petite serveuse angélique, vêtue de noir qui lui parle et lui fait des signes (sibylle) quelque part loin. Gestes d’adieu de part et d’autres.
Poisson : symbole du christ voir l’ouverture
Gros plan sur Paola.
Fin.
La Dolce vita est un film éblouissant. A travers le quotidien assez banal d'un journaliste "people", fêtard,libertin, mais insatisfait, et
aspirant à produire une oeuvre, Fellini réussit à aborder tous les sujets importants et à les interroger, maniant plusieurs registres, comédie dramatique,comédie, satire, drame...
Les problèmes sentimentaux de Marcello mettent en scène une femme au foyer qui l'attend vainement, une maîtresse aussi libertine que lui, une femme-enfant qui feint l'innocence, tout en paraissant fort naturelle, rien de tout cela n'étant satisfaisant. Chacune de ces femmes joue un rôle attendu et s'y cramponne.
L'amitié avec Steiner, la soirée avec sa famille, dévoile un monde apparemment plus sérieux et occupé à cultiver de vraies valeurs. Mais à comparer les fêtes alcoolisées clownesques et sexuelles auxquelles participe Marcello et la soirée New Age chez Steiner, on voit bien que l'une comme l'autre ne sont que des mascarades. Le suicide de Steiner ( idéaliste jusqu'au crime) achève de déstabiliser Marcello. Les scènes de satire de la religion sont attendues mais fort réussies.
Le rythme vif alerte endiablé parfois, entraîne le spectateur comme le héros. les pauses sont toujours source de malaise et font penser à la mort : il y a une pause lorsque le vieux papa se trouve mal, lorsque Steiner est mort, ou lorsqu'il joue mélancoliquement à l'église, lorsque Emma et Marcello se regardent et que Marcello détourne le regard, lorsque Anouk se plaint d'être une putain, lorsque les jets de la fontaine tarrissent et qu'il faut cesser le jeu d'eau, lorsqu'on trouve un mort que la foule a piétiné en suivant les enfants qui ont vu la Madone, lorsque Marcello voit un monstre marin échoué sur le rivage.
La fillette et son désir de devenir dactylo, c'est un monde stable et vrai, mais Marcello ne saisit pas la portée que cela pourrait avoir à son niveau.