L’Esclave et le maître
Esclave, toujours ru chériras ton maître
Tu rases ton menton de vile bête au miroir
Où tu te hais en lui ; Quémandeur de pourboire !
Et ton labeur n’est qu l’alibi du non-être.
Tu te plais à baisser les yeux devant son image
Tu mords sa poussière et craint son bras ; ton coeur
Se divertit quelquefois de sa propre rancune
En croyant voir sa figure altière et sauvage.
Il passe pour ténébreux, et toi pieusement discret
Nul n’a sondé ta jouissance dans ses chaînes
De sa liberté, nul ne sait les affres suprêmes
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets
Et cependant, voilà des siècles qu’insatiables
Vous cherchez la complétude, lui en soi, toi dans la peine
Tellement vous nourrissez l’amour et la haine
Ô textes mystérieux, ô lecteurs indomptables.