C’est quelques temps auparavant (à Minneapolis, où il ne réussissait pas à chanter dans les »bons » clubs ni à se faire des relations utiles) que Bob avait trouvé un recueil de poésies de Dylan Thomas ; le prénom lui plaît pour ses sonorités et sa graphie et il songe à utiliser Allen (son deuxième prénom) pour se faire un nouveau nom :
« Dès que j’aurais quitté la maison, j’allais me faire appeler Robert Allen. C’était bien moi après tout mes parents me les avaient donnés ces prénoms… je me doutais que Dylan avait dû un jour être Dillon, que l’intéressé avait lui aussi changé l’orthographe de son nom... »
Dylan Thomas s’est toujours appelé ainsi. Originaire du Pays de Galles, il porte le nom de Dylan, personnage de la mythologie celte : celui-là est né de la déesse Arianrod et de son frère le druide Gwyddyon, nous dit Jean Markkale dans son étude « Les Celtes et la civilisation celtique » publié chez Payot. Dans le mabinogi de Math (récit médiéval d’un chef de guerre celte), ce guerrier veut s’approprier Arianrod « Il la fait sauter par-dessus sa baguette magique … elle donne alors naissance à deux enfants . L’un se précipite vers la mer et sera appelé Dylan Eil Ton (Fils de la Vague) ou Dylan Ei Mor (Fils de la Mer) ce qui constitue un jeu de mots entre Mordr, la mère, et Mor, la mer, ce qui veut dire que Dylan entreprend immédiatement le regressum at uterum. Il est mort-né. »
Les sonorités et la graphie, c’est important, mais la signification aussi. Bien des chansons de Dylan tournent autour de ce « regressum at uterum » ; de la mort aussi ; mais c’est une source d’inspiration fréquente ; aussi n’a-t-on pas trouvé cela particulier. Quant aux chansons qui se réfèrent au déluge, elles sont légion.
A Hard Rain s'Gonna Fall; When the Ship comes in; Shelter from the Storm...
Souvent les chansons de Dylan sont d’ailleurs un « flooding » un déluge verbal (cette tendance lui est restée).