1 août 2006
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2) Les parties I et II sont un entrelacement d’intrigues écrites sur le mode ironique, que l’on retrouve chez maint écrivains du 19eme siècle : les
pensées n’y apparaissent pas comme des excroissances mais comme des commentaires longs de la situation concrète décrite, ou des mœurs du temps, qui, parfois , la théorisent.
Intrigue égale femme. Ulrich en a rencontré beaucoup et l’on note une progression des rencontres féminines, qui, de la plus simple à la plus complexe vont aboutir à
Agathe à moins que la série ne se rompe pour lui laisser place ?
1-
Leona : chanteuse de cabaret représente les pulsions orales, gourmandise y compris.
2-
La « Majoresse » une femme étrange avec laquelle s’élabore un amour quasi-mystique. Au début de l’action elle fait
l’objet d’un récit rétrospectif, souvenir de la jeunesse du héros. Préfigure Agathe dans un certain sens mais va au-delà et reste en deçà. L’expérience demeure abstraite.
3-
Bonadea (bonne déesse) trouve Ulrich évanoui dans une rue où il s’est fait attaquer et détrousser. Le soigne et devient sa
maîtresse. Femme du monde un peu sotte, toute d’extériorité. Ulrich finit par la chasser.
4-
Gerda : amie de Hans Sepp, l’étudiant révolutionnaire, jeune fille osseuse, attirée par Ulrich mais au moment suprême a une
crise d’hystérie. : c’est du moins ce que l’auteur a voulu rendre d’après ses études de psychologie.
5-
Diotime ( Ermelinda femme de Tuzzi) la belle âme. Ce surnom vient du Banquet de Platon, des poèmes de Hölderlin, une longue
tradition d’héroïnes germaniques formées sur le mythe grec. Comme la « bonne « âme, la « belle » est tournée en dérision même si elle veut se mouvoir dans un registre
sublime : Diotime est attirée par Arnheim ainsi que par Ulrich ; voulant avoir des préoccupations intellectuelles et sociales, elle ne cherche en fait qu’un amant, même si elle l’
ignore.
Ulrich lui, il le sait : on ne la lui fait pas !
Ulrich lui, il le sait : on ne la lui fait pas !
6-
Clarisse, la femme de Walter. Ulrich y a mis ses connaissances en psychiatrie. Hystérique, elle aussi (comme toutes celles
qu’Ulrich rencontre, car c’était la mode de l’hystérie féminine), elle réclame d’Ulrich un enfant et veut se donner à lui. S’il refuse ce n’est pas pour être fair-play avec Walter mais seulement
parce que Clarisse ne l’intéresse pas et qu’elle lui fait peur avec ses prétendus désirs de maternité. Dans la partie II elle s’attache au meurtrier psychopathe Moosbrugger, qui intéresse
aussi Ulrich (côté dostoïevskien de l’œuvre.) mais elle va chercher à le faire évader. Jusqu' à la fin Clarisse continue à jouer un rôle ; on peut dire qu’avec Moosbrugger, ils constituent
le double délirant ( et un peu caricatural) du couple que Ulrich va former avec sa sœur.
Enfin, on ne manque pas de s’apercevoir que ces héroïnes (parmi lesquelles il faudrait citer Rachel la jolie domestique des Tuzzi) appartiennent
toutes à un homme, et se laissent séduire par Ulrich qui veut bien les tenter mais non les goûter ( Bonadea mise à part, cependant Ulrich n’a jamais vu son mari).
Musil a eu la vanité toute masculine de rendre son héros irrésistible sans en faire un Dom Juan accompli, car il consomme rarement. Mais cela est –il
nécessaire ?
Il semble donc que L’HSQ ait au moins une qualité : c’est un séducteur.
Il pourrait en avoir une autre ( qualité dans le sens de vertu ou encore « excellence » au sens grec) : se soustraire aux engagements de la
comédie sociale en ferait-il un homme libre ?