GF-Flammarion ( Etonnants classiques), 1996.119 pages.
Cette nouvelle fut publiée en 1829, c'est l'un des premiers textes qu'il signa de son vrai nom.
Dans le catalogue de la Comédie Humaine, elle prend place dans la série « Scènes de la vie privée »( Le Père Goriot est l'œuvre la plus célèbre de cet ensemble).
Cette maison vieille de trois siècles, se tient au coeur de Paris, et possède entre autres bizarreries, une peinture naïve sur la façade « représentant un chat qui pelotait... l'animal tenait dans une de ses pattes de devant une raquette aussi grande que lui, et se dressait sur ses pattes de derrière pour mirer une énorme balle que lui renvoyait en gentilhomme en habit brodé... la queue mouchetée du chat était découpée de telle façon, qu'on pouvait la prendre pour un spectateur, tant la queue des chats de nos ancêtres étaient grosse, haute et fournie ».
l'observateur, Théodore, est un jeune artiste peintre de talent, et trouve l'enseigne idiote, et la maison curieuse, grotesque, digne d'intérêt, pleine de symboles à déchiffrer. Une aubaine pour un peintre!
Toutefois à force de contempler cette bicoque" qu'il examine avec un enthousiasme d'archéologue", il va apercevoir la belle Augustine dix-huit ans, fille cadette de Guillaume le drapier, à la fenêtre du troisième étage.
" Aucune expression de contrainte n'altérait ni l'ingénuité de ce visage, ni le calme de ses yeux immortalisés par avance dans la sublimes compositions de
Raphaël... il existait un charmant contraste produit par la jeunesse des joues de cette figure, sur laquelle le sommeil avait comme mis en relief une surabondance de vie, et par la vieillesse de
cette fenêtre massive aux contour grossiers dont l'appui était noir."
En effet la jeune fille vient juste de se réveiller quant elle va à la fenêtre, ce qui lui donne l'air frais et dispos.
Mais habituellement, la contrainte, elle y est accoutumée presque autant que les autres...
Losque le narrateur nous décrit la vie austère et besogneuse de la famille Guillaume dont le maître de maison est économe jusqu'à l'avarice, nous saisissons bien
qu'Augustine n'est pas épargnée. Surtout pas par sa mère!
le narrateur compare la vie de cette famille à une "cellule de Trappistes" !
Un jour, cependant, la jeune fille, qui ne sort jamais, obtient le droit d'accompagner une cousine au Louvre où elle voit un tableau représentant sa famille en train de travailler dans la boutique, avec elle au milieu, une peinture dont le traitement s'apparente à celle de l'école hollandaise . Mieux que cela, l'auteur du tableau est tout proche, et elle a le coup de foudre.
Après quelques tribulations, Augustine va épouser son peintre, tandis que sa sœur se contentera du premier commis. Mais ce qui ressemble d'abord à un conte de fée,
va progressivement se révéler une mésalliance. Augustine a la façon de penser et de voir la vie de ses commerçants de parents qui sont très loin de l'univers artistique...quant au merveilleux
tableau qui lui avait porté chance, il sera aussi bien cause de catastrophe...
Augustine, éduquée chichement, sans culture, ne va pas s'habituer à la vie d'artistes ni aux manières de Théodore. Quelques années après, Théodore ayant une maîtresse dans le faubourg St Germain, Augustine va voir cette femme pour lui demander comment regagner l'amour de son mari...
Un histoire très cruelle, où déjà Balzac est terriblement habile à peindre les milieux sociaux et les caractères de son époque.
Mais rien qu'à lire la magnifique description de cette maison qui introduit le texte, vous allez vous régaler. Je suppose que les singularités de cette maison
sont autant de signes de l'histoire à venir...
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