10/ 18, 1985.
(1ère publication en 1960).
Gombrowicz est décédé neuf ans plus tard, il y a quarante ans déjà!
Le narrateur qui porte le même nom et prénom que l'auteur ( est-ce autobiographique?), fuit Varsovie en 1943 avec un ami Frédéric, pour se retirer à la campagne où un nommé Hippolyte les héberge.
Frédéric est un artiste qui s'est jadis occupé de théâtre. Pour effectuer les gestes les plus insignifiants, il a toujours l'air de jouer, c'est cette caractéristique qui a plu à Witold « il ne faisait que se comporter, il se comportait sans cesse ».
Ces deux messieurs d'un certain âge, oisifs, et attirés par les jeunes gens, vont s'intéresser à la fille de leur hôte Hénia, et à Karol, un jeune voisin en rupture avec ses parents, que Hippolyte a accueilli chez lui en échange de menus services.
Les deux adolescents se connaissent depuis l'enfance.
C'est le premier dimanche de leur séjour, lorsque Witold et Frédéric se sont contraint à aller à la messe avec la famille, que l'esprit de Witold commence à battre la campagne.
La course en calèche l'énerve « la perversité de cette randonnée me frappa tout à coup, car nous étions comme sortis d'une image d'Epinal-une photo morte du vieil albumde famille- et sur la colline le véhicule périmé était visible de très loin, ce qui rendait la contrée particulièrement ironique, d'une méprisante cruauté ».
Le plaisir qu'il escompte obtenir du manège de son ami Frédéric qui se comporte en parfait croyant allant même jusqu'à prier avec ferveur, ne lui sied pas autant qu'il le faudrait. « l'église n'était plus une église. L'espace y avait fait irruption mais un espace cosmique, déjà noir,et cela ne se passait même plus sur terre, ou plutôt la terre se transforma en une planète suspendue dans le vide de l'univers, le cosmos fit sentir sa présence toute proche, nous étions en plein dedans... suspendus avec nos cierges et notre lumière et c'est là-bas dans l'espace infini, que nous manigancions ces choses étranges avec nous et entre nous, semblables à des singes qui grimaceraient dans le vide».
C'est ainsi, que pour faire exister ce « vide », il jette son dévolu sur les jeunes gens, la garçon d'abord, en fonction de ses penchants. Mais la réalisation de ses pulsions n'est pas possible, donc il invente une intrigue dramatique à propos des jeunes gens.
Ils se rend bientôt compte que Frédéric partage son goût.
Les deux compères, décident, par caprice et perversité, que les deux adolescents doivent se mettre ensemble : ce fantasme les poursuit et ils interrogent les jeunes gens sur leurs penchants :
Hénia est promise à Albert, un notaire nettement plus âgé qu'elle, et semble se contenter de cela, et Karol préfère les femmes mûres plus expérimentées que les jeune filles.
Les deux amis ne recueillent guère de succès dans leur entreprise, même si Frédéric fait accomplir des jeux théâtraux aux jeunes gens, en vue d' exciter la jalousie du notaire. Mais des événements fortuits vont les servir dans leur tâche...
Le style : le récit consiste en un monologue vif, enlevé, bavard, où Witold entrelace ses pensées avec le récit des événements et les dialogues des personnages qui viennent rompre une éventuelle monotonie du texte.
Du côté de l'intrigue, on est partiellement satisfait : on n'arrive pas à croire que les deux adolescents obéissent réellement à Witold et Frédéric pour leur plaire,on peut penser qu'ils agissent pour leur propre compte, et ne se sont jamais souciés de ces deux messieurs et de leurs manigances, en fait les gesticulations intellectuelles de ces deux messieurs et leurs prétendues manipulations des jeunes nous semblent vaines. Ainsi le fait que les deux jeunes gens se soient amusés à écraser le même ver de terre,chacun à un bout, lui paraît un signe: ce ver sera identifié à l'ennemi que les jeunes sont prêts à anéantir...
Reste la vision du monde du narrateur, originale, loufoque, qui intéresse sans séduire. Mélange de sarcasmes, comparaisons réalistes aussi bien que de rêveries romanesques.
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