Voici la première réduction de pal :
Christian Bourgois, 105 pages.
Titre original « Disquiet »
Une femme revient d'Australie chez sa mère en France avec ses deux enfants ; elle s'introduit par effraction mais est correctement accueillie par sa père et la vieille servante, dans la grand propriété où elle a vécu jadis. Son mari la battait. En même temps, le frère de cette femme, et son épouse Sophie arrivent de l'hôpital. Sophie a donné naissance à une fillette mort-née : Alice. Elle ne veut pas s'en séparer.
Le récit se déroule sur plusieurs jours, et concerne essentiellement les tentatives des divers proches de Sophie pour lui faire abandonner son bébé défunt et pratiquer un enterrement. Ainsi que l'essai de fuite du petit garçon Andy et de sa soeur sur le lac de la propriété à bord d'un canot.
Le narrateur créé la surprise et voile d'anxiété l'atmosphère, en décrivant les allées et venues et actions des uns et des autres avec précision, ne distillant qu'avec parcimonie des informations nécessaires à la compréhension. Les dialogues sont nombreux et courts se limitant souvent à des informations pratiques, ou à des formules relevant de la fonction phatique.
Le narrateur désigne la mère et les deux enfants en disant « la femme »; « le petit garçon »; « la petite fille, » alors que leurs proches les appellent par leurs prénoms et qu'ils se nomment eux-mêmes entre eux. Par ailleurs le narrateur appelle les autres personnages par leur nom.
Sans doute veut-il par là montrer à quel point cette femme est devenue étrangère à ses proches ainsi que ses enfants qui les voient pour la première fois.
Mais c'est la famille tout entière que le lecteur appréhende de façon distanciée, comme s'il les voyait de loin. Pourtant l'on partage le désarroi des uns et des autres concernant la folie de Sophie, qui impose la présence de son bébé mort à tous, se demandant si elle est destinée à durer. La femme et ses deux enfants reste plus mystérieuse, on ne sait pas quelles relations complexes elle avait noué avec cet homme en Australie, ni s'il faut le craindre.
C'est avant tout un récit d'atmosphère, une vision du monde inquiétante, donnée à ressentir à travers quelques jours d'une famille vivant une situation délicate, mais non désespérée.
Une écriture et un type d'atmosphère que j'affectionne particulièrement. La situation de deuil et son évolution sont décrites avec une rare justesse!
Lu aussi par Mango Papillon et Lilly
Julia Leigh est australienne, née à Sydney, et âgée de 40 ans. Elle a publié un autre roman traduit en français " le Chasseur" que je commanderais
un jour sur Internet , car il est introuvable en librarie.
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