17 juillet 2008
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12:11
Une prof de lettres qui s’emmerde grave.
Elle récite tout le temps des fragments de livres, se fait des colliers de citations, en colle sur son frigo sur des post-it : à ne pas oublier.
Cette manie qu’elle a d’ouvrir son frigo à moitié plein pour ne rien y prendre…
Cette manie qu’elle a d’ouvrir son frigo à moitié plein pour ne rien y prendre…
Des citations sur les murs de son appartement, des affiches, des slogans… elle cherche à comprendre la vie, la sienne entre autres.
Et le monde dans quoi elle est tombée, avec l’aide du langage et des auteurs. Celui des littérateurs et celui de la rue.
Très bien.
Et le monde dans quoi elle est tombée, avec l’aide du langage et des auteurs. Celui des littérateurs et celui de la rue.
Très bien.
Hélas, elle s’emmerde toujours autant, ça ne lui suffit pas…
Dans un bar ( « louche » évidemment) tout près de chez elle, aux toilettes, elle entrevoit un citoyen se faire sucer par une fille aux ongles bleu de cobalt. Ça l’excite terrible ! Pourtant, s’il m’est permis de faire une petite remarque, je dirai qu’il a l’air con et même pâmé, et surtout paumé. Et que son membre n'est même pas tatoué! Mais les ongles bleus…
Dans un bar ( « louche » évidemment) tout près de chez elle, aux toilettes, elle entrevoit un citoyen se faire sucer par une fille aux ongles bleu de cobalt. Ça l’excite terrible ! Pourtant, s’il m’est permis de faire une petite remarque, je dirai qu’il a l’air con et même pâmé, et surtout paumé. Et que son membre n'est même pas tatoué! Mais les ongles bleus…
Retour chez elle. Elle ouvre son frigo à toute volée pour s’envoyer un peu de fraîcheur mais pas de nourriture, et masquer les citations sur la porte.
Puis, aussi sec ( aussi mouillé…) elle se précipite au plume et en fait craquer violemment les ressorts. Gros plans sur le frotti-frotta, cinq minutes garanties.
Arrive sa sœur, dans un costume doré, arrive sa soeur, qui lui dit ses malheurs : on la poursuit pour harcèlement sexuel, cela fait six mois qu’elle tente de
séduire son toubib en vain. La sœur est atteinte de cette maladie qui consiste à se croire aimé(e) des gens crédités d’une autorité supérieure.
Petits flash-back insistants sur les malheurs de l’enfance des deux infortunées nanas. Notre prof, encore très sage, lui conseille de s’en tenir à la branlette.
Mais ni l’une ni l’autre ne vont suivre ces sages avis.
Petits flash-back insistants sur les malheurs de l’enfance des deux infortunées nanas. Notre prof, encore très sage, lui conseille de s’en tenir à la branlette.
Mais ni l’une ni l’autre ne vont suivre ces sages avis.
La bonne conseillère recherche le moustachu qui se faisait tailler une pipe au bar ( je vous l’avais pas dit qu’il avait une bacchante ? ),il l’aborde ;
elle en bave ; il lui confie être détective et d’une voix haletante, les mirettes écarquillées, parle de son enquête : on a découpé une femme en morceaux on lui a tranché la tête,
cette victime ( ai-je besoin de vous le dire) c’est la fille aux ongles bleus Atlantique. Notre prof en délire craque pour l’assassin présumé ( le flic à l’air pâmé-paumé ) .
Tous deux débutent une liaison, ma foi normale, mais qui semble perverse à l’héroïne, et en tous cas singulièrement excitante parce qu’elle suppose y
risquer sa vie. Retour aux citations : entre deux coïts, elle égrène du Dante, croyant descendre tous les cercles de l’enfer à la vitesse supérieure. Espère ne pas s’arrêter
là. La chance lui sourit : sa frangine se fait découper sous sa douche et elle contemple le résultat dans la baignoire :« Psychose » à côté c’est de la petite
bière. Des indices de plus en plus convaincants suggèrent à notre héroïne que son moustachu de flic est le killer. Elle ne quitte plus sa baignoire tant que son amant ne lui aura pas fait la
peau dans l’eau mousseuse. Las ! Il a pas l’air de piger ce qu’on attend de lui. Ou il se méfie, allez savoir ?
Pour le punir, elle le menotte et lui barbote son flingue, se tire pour retrouver le vrai tueur qui l’attend en bas devant sa bagnole. Ce vrai tueur est l’adjoint
du flic, un grand type vulgaire qui faisait des vannes lourdingues pas du tout dantesques, personne lui a prêté attention jusque là. Et pourtant c’est bien avec lui qu’a lieu le moment
suprême : elle se fait entailler la peau et lui loge des balles côté cœur avec le flingue de son moustachu. Le Grandj Jeu!
Retour au bercail, en nuisette, couverte d’hémoglobine, un peu dépeignée, quelques kilomètres d’autoroute et de centre urbain à pied, nul ne la prend en stop ; tous des salauds !!
Retour au bercail, en nuisette, couverte d’hémoglobine, un peu dépeignée, quelques kilomètres d’autoroute et de centre urbain à pied, nul ne la prend en stop ; tous des salauds !!
Le même pas assassin gît au sol, toujours menotté, dans une mare de sang. Il bouge encore et peut-être qu’il vivra. C’est fou ce qu’on peut faire pour se
donner des émotions fortes quand on est prof de lettres à New-York pour des ados à peine sortis du lycée.