J’ai embrassé la mère
Son âme pesait une livre de répugnances
Ses yeux bleus ne bougeaient pas
Fermés sur d’âcres rêves noirs
Déteignant sur les paupières du devoir.
j’ai déchiré son voile suant d’obéissance,
Puis sa robe d’indienne, rouge
En passant j’ai tiré la langue.
De son palais, l’haleine vive et tiède
Etait un roman sur la vie
j’ai senti la douceur
du wasserfall argenté pommadé qui luisait dans l’ombre du couloir
la mère s’effrayait,
le chassait, jetait à son front blême une Bible à la tranche vert chou
le dénonçait à Dieu qu’il n’aimait pas
criait « entêté, stupide, idiot… »
-intelligent.
Va faire la foire avec la fille d’à côté !
Pitié ! pitié !
La lune se levait, dans un dimanche d’hiver
J’ai ri j’ai agité la lampe sur le guéridon d’acajou
Mes deux poings chétifs l’ont surprise
Mes maigres doigts jaunes mes habits puants
mon œil brun qui la regardait
la rumeur du quartier prenait son essor
Les Espagnoles et les Italiennes conversaient
Je lui ai mordu la peau des fesses pas de pantalon
La savane aux odeurs profondes comme dans les journaux illustrés
Cet étonnement de gisante au pied du mur
Le soleil qui s’ouvre
C’était bon.
Je l’ai sautée dans la chambre nue aux tentures moisies.
A la cime, un coq râlait sans pouvoir dire son nom
Le livre du devoir s’ouvrit une fleur en tomba
Vaincu, stupide, je vis
Son immense corps enterré dans la marne noir de boue derrière la maison
La mère m’était ravie, morte de marbre.
Blond échevelé ,
Au réveil il avait sept ans.
Aujourd'hui il en aurait 155...