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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 09:05

Minuit, 2009.


Le jour des soixante ans de Solange, Bernard, son frère que, depuis belle lurette, on appelle «  Feu-de -Bois », lui apporte un cadeau : une boîte bleu-nuit contenant une broche très onéreuse,qu'il n'a pu payer lui-même. En effet Bernard

est un marginal, abandonné depuis longtemps par sa femme et ses enfants, alcoolique, négligé, vivant de la charité de ses frère et soeur, et il n'est pas invité aux fêtes de famille. On l'accuse d'avoir volé l'argent à sa vieille mère.

 

Rabroué, insulté, Bernard se précipite chez Chefraoui qu'il appelle le bougnoule et y laisse des traces...

 

Va-t-on porter plainte conte Bernard et le faire enfermer? Une sorte de conseil de famille se tient pour décider de la suite à apporter aux événements.

 

Rabut, le cousin de Bernard est narrateur de l'histoire. Ils ont le même âge,et sont allés ensemble en Algérie comme appelés en 1960, âgés d'environ vingt ans. Il rapporte les propos que l'on dit à propos de Bernard, pour l'accuser le défendre, se souvenir de ce que l'on sait de son passé, et enjoindre de se taire, mêlés à ses propres pensées à lui Rabut, un nom qui flirte avec rebut rabot et buté : Rabut ne se sent pas disposé à défendre Bernard mais lui-même se souvient que tout n'est pas si simple, qu'il est lui-même meurtri par la vie et mal à l'aise, tout comme Bernard et qu'ils ont vécu des épreuves communes.

 

C'est un passé insupportable que Bernard a ramené au jour et qu'il incarne avec son existence de vagabond alcoolique, et sa boîte bleu-nuit avec la broche, ce cadeau importun, obscène, ce bijou qui fait l'effet d'une bombe, offert à une soeur qu'il aime vraiment «  dans la voiture, je me disais, qu'est-ce qu'elle va faire maintenant, Solange, est-ce qu'elle va retrouver sur la table de la cuisine la petite boîte bleu-nuit... comme ces obus qu'on retrouve des vieilles guerres et qu'il faut désamorcer, la prendre avec précaution et la remettre dans la salle à manger... »

 

A compter du chapitre «  la nuit » , les souvenirs des anciens jeunes soldats envoyés en Algérie, submergent la narration de Rabut : les voix se mêlent s'ajoutent, renchérissent, se contredisent, supplient de se taire, et reprennent avec ténacité jusqu'à l'épilogue, «  matin » où il ne sera plus tellement question de régler son compte à Bernard ni à qui que ce soit...

 

Mauvignier crée un concert fait à plusieurs voix, utilisant un lexique simple, mêlant savamment réminiscences, récits, descriptions, parties dialoguées exprimant l'indignation, la plainte, la colère, le doute... imprécations jurons supplications, tout est unifié dans une longue coulée dense de phrases au rythme tendu, une tension qui ne se relâche pas la dernière page tournée.


Un très beau texte.

 

 

 

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