19 septembre 2006
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Muriel Spark
Mémento Mori ( 1958) traduction Fayard 1993.
J’avais décidé de lire quelque chose de cette rentrée littéraire mais à la faveur d’une tournée à la bibliothèque Muriel Spark m’a accrochée ; une
vieille dame respectable qui n’a rien à voir avec la rentrée littéraire et qui ne publie plus.
Lettie Colston une vieille dame seule de 79 ans, qu’on appelle Dame Lettie, grande bourgeoise, passe son temps à rédiger son testament en le modifiant tous
les jours, et à écrire à son neveu Eric, gigolo aigri et vaguement romancier pour lui promettre de l’argent à certaines conditions dont elle sait qu’il ne les remplira pas.
Son emploi du temps comporte aussi des visites à Mlle Taylor l’ancienne gouvernante de sa belle sœur, invalide, qui vit le reste de son âge dans la maison de retraite d’un hôpital partageant une salle avec une douzaine d’autre « mamies » qui se divertissent à leur manière en attendant la fin.
Elle fréquente aussi Alec Warner, vieil original qui enquête sur les mœurs des personnes âgées avec le sérieux de celui qui prépare une thèse de doctorat, et a toujours de précieux renseignements à glaner pour les mettre en fiches.
Malgré tout les journées se traînent un peu en longueur... mais voilà que de coups de téléphone anonymes viennent retenir son attention, et tromper son ennui d’une façon sinistre, mais efficace. Le mystérieux interlocuteur dit seulement « Rappelez-vous qu’il faut mourir » et raccoche.
Lettie modifie son existence en fonction de cette conjoncture nouvelle. Elle engage une servante mais le messager morbide continue son œuvre, elle va chez son frère et sa belle-sœur, qui ont dépassé les quatre vingt ans, et qui, pour autant , ne cessent de nourrir des conflits conjugaux et de se cacher des secrets dont va profiter Mme Pettigrew, une ancienne gouvernante maître chanteur ( ou maîtresse chanteuse ?) accomplie.
Et voila que tout ce monde , ( ceux qui possèdent un téléphone) tout l’entourage de Lettie, commence à entendre aussi la voix au téléphone. Plus exactement: la même phrase, mais pas la même voix.
Charmian, ancienne romancière à succès dont les romans se vendent encore, croit tomber sur un journaliste ou un admirateur ; Alec le vieux monsieur thésard pense qu’ils sont tous victimes d’une hystérie collective (aujourd’hui il dirait « psychose »), Guy Leet, ancien amant de (presque ) toutes ces dames entend un collégien farceur et s’amuse de la blague, Percy Mannering, qui essaie d’être poète depuis toujours, y voit l’occasion de composer un sonnet shakespearien pour une fois assez réussi. Le commissaire à la retraite Mortimer qui mène l’enquête ( et entend aussi la voix…) pense qu’il s’agit de la Mort elle-même.
C’est aussi l’avis de Mlle Taylor, qui n’a pas l’occasion de recevoir des appels téléphoniques. Mais elle soupçonne également ce vieil original d’Alec. Mortimer et Taylor sont croyants et l’âge les transporte aux frontières d’un mysticisme non sans lucidité. Il y a aussi ceux qui ne pensent rien mais qui ont peur. Ceux qui deviennent la proie d’un délire de persécution qui les met en danger. Et ceux qui refusent de se souvenir du coup de fil et n’en reçoivent plus.
Outre ces différentes attitudes devant la mort excellemment décrites, Muriel Spark fait vivre (et mourir) les pensionnaires de la maison de retraite avec réalisme et humour ; la plus âgée Mrs Beans et son centième anniversaire fêté avec les journalistes est une Jeanne Calment des années cinquante, mais plus alerte.
Mamie Valvona qui annonce à chacune son horoscope pour la journée, manie l’humour noir sans le savoir … avec ses bonnes prédictions.
Son emploi du temps comporte aussi des visites à Mlle Taylor l’ancienne gouvernante de sa belle sœur, invalide, qui vit le reste de son âge dans la maison de retraite d’un hôpital partageant une salle avec une douzaine d’autre « mamies » qui se divertissent à leur manière en attendant la fin.
Elle fréquente aussi Alec Warner, vieil original qui enquête sur les mœurs des personnes âgées avec le sérieux de celui qui prépare une thèse de doctorat, et a toujours de précieux renseignements à glaner pour les mettre en fiches.
Malgré tout les journées se traînent un peu en longueur... mais voilà que de coups de téléphone anonymes viennent retenir son attention, et tromper son ennui d’une façon sinistre, mais efficace. Le mystérieux interlocuteur dit seulement « Rappelez-vous qu’il faut mourir » et raccoche.
Lettie modifie son existence en fonction de cette conjoncture nouvelle. Elle engage une servante mais le messager morbide continue son œuvre, elle va chez son frère et sa belle-sœur, qui ont dépassé les quatre vingt ans, et qui, pour autant , ne cessent de nourrir des conflits conjugaux et de se cacher des secrets dont va profiter Mme Pettigrew, une ancienne gouvernante maître chanteur ( ou maîtresse chanteuse ?) accomplie.
Et voila que tout ce monde , ( ceux qui possèdent un téléphone) tout l’entourage de Lettie, commence à entendre aussi la voix au téléphone. Plus exactement: la même phrase, mais pas la même voix.
Charmian, ancienne romancière à succès dont les romans se vendent encore, croit tomber sur un journaliste ou un admirateur ; Alec le vieux monsieur thésard pense qu’ils sont tous victimes d’une hystérie collective (aujourd’hui il dirait « psychose »), Guy Leet, ancien amant de (presque ) toutes ces dames entend un collégien farceur et s’amuse de la blague, Percy Mannering, qui essaie d’être poète depuis toujours, y voit l’occasion de composer un sonnet shakespearien pour une fois assez réussi. Le commissaire à la retraite Mortimer qui mène l’enquête ( et entend aussi la voix…) pense qu’il s’agit de la Mort elle-même.
C’est aussi l’avis de Mlle Taylor, qui n’a pas l’occasion de recevoir des appels téléphoniques. Mais elle soupçonne également ce vieil original d’Alec. Mortimer et Taylor sont croyants et l’âge les transporte aux frontières d’un mysticisme non sans lucidité. Il y a aussi ceux qui ne pensent rien mais qui ont peur. Ceux qui deviennent la proie d’un délire de persécution qui les met en danger. Et ceux qui refusent de se souvenir du coup de fil et n’en reçoivent plus.
Outre ces différentes attitudes devant la mort excellemment décrites, Muriel Spark fait vivre (et mourir) les pensionnaires de la maison de retraite avec réalisme et humour ; la plus âgée Mrs Beans et son centième anniversaire fêté avec les journalistes est une Jeanne Calment des années cinquante, mais plus alerte.
Mamie Valvona qui annonce à chacune son horoscope pour la journée, manie l’humour noir sans le savoir … avec ses bonnes prédictions.
Le récit des obsèques d’une de ces personnes est aussi un morceau de bravoure.