« Sois stage et tais-toi : pour en finir avec l’exploitation des stagiaires »
Collectif « Génération précaire » La Découverte, mars 2006. La préface est rédigée par un professeur d’économie, M. Chevalier, qui s’inquiètent pour l’avenir de ses étudiants diplômés avec, souvent un DESS. La plupart ne trouvent que des stages en entreprises sous-payés ou non rémunérés, qui ne leur apportent aucunement la formation désirée ni l’initiation au monde du travail. Chaque stagiaire qui a parlé avec lui « vivait un drame individuel d’échec social et de rejet par la société ». Aucun d’entre eux n’accédait à une insertion économique durable dans notre société ni à un apprentissage de la vie active.
Le collectif est né sur le net en septembre 2005 ; ils ont commencé à organiser des manifs, toujours masqués de
blanc pour montrer qu’ils sont interchangeables, et signent avec des pseudos pour ne pas mettre en péril une situation déjà bien incertaine.
Les membres de « Génération précaire », se veulent non partisans, peu structurés, indépendants à l’égard des partis et des syndicats.
Deux sortes de stages sont offerts aux jeunes diplômés : le stage « photocopie », où ils ne font rien de
précis et rendent les services les plus divers, comme bien sûr de servir le café, mais aussi de réparer la machine, de faire du nettoyage de surface, en plus des millions de photocopies…ces
stages peuvent durer plusieurs mois et ne sont pas ou peu rémunérés.
Les candidats se font avoir, car ils signent pour des contrats en principe demandant des
qualifications…
L’autre sorte, c’est le stage « emploi déguisé » ; il n’est guère plus rémunéré que l’autre :
souvent 30% du SMIC. Parfois moins ou rien. C’est un vrai travail, à temps partiel, que fournissent plusieurs jeunes : on trouve plus économique d’employer plusieurs stagiaires peu ou pas
payés, que l’on peut virer n’importe quand, plutôt qu’un seul employé.
Les jeunes ne veulent plus de ce qui leur paraît un apprentissage de la soumission, les maintient au
stade de dépendance, les empêche de trouver une logement, les force à rester chez leurs parents ou les place en situation de dépendance d’un conjoint, jusque tard dans leur vie, provoquant des
conflits des situations d’échecs des dépressions. Le peu d’espérance qu’ils mettent dans les partis de gauche se voit au fait qu’ils ne veulent en aucun cas être inféodés à l’un ou
l’autre.
Sur Arte, hier soir , la soirée thema était consacrée à l’emploi des jeunes et à leurs luttes pour être reconnus à leur juste valeur et rémunérés comme tels ; on a interviewé de jeunes allemands et français diplômés de l’enseignement supérieur et contraints d’accepter des stages et de multiplier ces emplois dégradants des journées de travail sans compter et ensuite quelque 200 à 400 euros par mois, ce qui ne leur permet pas de s’établir ; allemands ou français on a pu voir qu’ils sont dans le même sac et le livre ci-dessus montre bien la situation, avec plus de clarté que les interviews un peu disparates.
Là-dessus on a présenté les secousses sociales dues au CPE, interviewé des lycéens sympathiques et intelligents.
Ils paraissent très remontés et prêts à se battre pour ne pas vivre ni mourir idiots ce qui me parait rassurant et même provoque un brin d’enthousiasme.
Mais voilà que l’on déchante lorsqu’ on voit et entend les invités, par exemple Denis Jembar, son bouquin, et son
mot d’ordre dénigreur et médisant « Vos enfants vous haïront » qui moralise un
maximum en répétant à l’envi comme un perroquet que les « baby-boomers » (une génération qui n’a cessé de faire parler d’elle, qui s’est mise en vedette, dénonce t’il, avec une pointe
d’envie comme s’il ne faisait pas partie de cette classe d’âge !) qui a eu des avantages facilement etc. qui a élevé ses enfants en les déresponsabilisant, les laissant ignorer la « valeur travail ». Il me semble que les jeunes qu’on a interviewés ont largement démontré le contraire !
Qu’ils étaient exploités à mort pour pas un rond.
Denis Jeambar fait partie de ces groupes de personnes qui discréditent leur propre génération ses problèmes et ses valeurs allant même jusqu’à prétendre que mai 68
n’avait d’autre origine que les rêvasseries d’un groupe d’étudiants énervés (10 millions de salariés en grève tout de même), que tout le monde était heureux en ce temps là et
contestait sans raison, que les acquis sociaux et culturels sont une calamité… tout cela pour en revenir à ce discours que j’entendais dans mon jeune âge et qui se résumait par « il
leur faudrait une bonne guerre ! ». Moi, ça me tue !