24 mai 2006
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Très difficile d’être un peu objectif à la
lecture d’une autobiographie signée Dylan si l’on a été adolescent dans les années soixante et qu’on l’a tellement aimé.
Puis qu’ensuite on a tourné la page sans oublier ses chansons.
Et chaque fois qu’un scribouillard allumé écrivait un papier pour annoncer le grand retour on se laissait avoir et on se procurait Oh Mercy, Time Out Of Mind… mais ce n’était pas ça, pas tout à fait ou pas du tout, et on se jurait qu’on n’allait pas nous y reprendre.
Puis qu’ensuite on a tourné la page sans oublier ses chansons.
Et chaque fois qu’un scribouillard allumé écrivait un papier pour annoncer le grand retour on se laissait avoir et on se procurait Oh Mercy, Time Out Of Mind… mais ce n’était pas ça, pas tout à fait ou pas du tout, et on se jurait qu’on n’allait pas nous y reprendre.
Et pourtant, nous voilà plongés dans ces Chroniques! Comme s’il avait divorcé avec regret trente ans auparavant, l’ex-fan se tient en alerte au moindre
signe qu’il pourrait éventuellement renouer.
En cinq chapitres, Le chanteur ( 65 ans today) nous raconte, de façon achronologique, comment et dans quelles circonstances il a enregistré trois
de ses albums : le tout premier fait l’objet de trois chapitres ( 1, 2, 5).
Le chapitre 2 « La Terre perdue » intéresse : il se souvient de New York, du « Village », habite chez un
couple bizarre, Ray et Chloe, avec qui il entretient des relations assez lacunaires, mais qui lui prêtent leur appartement pendant la journée. Il travaille de nuit à se produire dans des clubs
(Le Gaslight, le Kettle of Fish…) avec une multitude d’autres chanteurs : beaucoup de figures attachantes défilent avec lesquelles on n’a pas le temps de faire connaissance.
Le jour il dort, puis zappe dans la bibliothèque fournie et fort hétéroclite de ses hôtes.
« J’aurais voulu lire tous ces livres, mais pour ce faire, il aurait fallu qu’on m’envoie dans une maison de repos ou quelque chose comme ça. J’ai commencé
Le Bruit et la Fureur sans vraiment bien comprendre, sensible cependant à la puissance de Faulkner…j’ai appris par cœur Les Cloches de Poe que j’ai plaquées sur une
mélodie à la guitare ».
On saisit qu’il voudrait bien écrire et que la forme « chanson » est la seule qui soit à sa portée à condition d’en enrichir les possibilités.
On saisit qu’il voudrait bien écrire et que la forme « chanson » est la seule qui soit à sa portée à condition d’en enrichir les possibilités.
« On voudrait en faire de grandes qui contiennent toute une vie ».
Il aimait la musique de jazz mais ne pouvait se l’approprier parce qu’elle se suffit d’être instrumentale et qu’il avait besoin de mots.
Je me suis intéressée à tout ce qui relève d’un apprentissage véritable et de temps à autre j’ai été retenue même si l’écriture est parfois déplaisante, qui associe
banalités, descriptions soignées très scolaires à trois adjectifs, et courts développements pertinents, ces derniers trop souvent noyés dans la masse. Pourtant, si l’on se
réfère au dernier opus de l’auteur de l’auteur en matière de prose (« Tarentula »), on ne peut que lui savoir gré d’avoir fait un sérieux effort de
communication.
Deux autres chapitres du livre,(3 et 4) « New Morning » et « Oh Mercy » portent le titre d’albums qu'on connait et
portent sur les périodes contemporaines de ces enregistrements.
New Morning ( chapitre 3): L’auteur se transporte en 1968/ 69. Il a, de fraîche date, une femme et
des enfants, et enterre son père. Des moments essentiels dans la vie d’un homme. Il retourne chez lui à Woodstock, car il a maintenant une maison mais cette demeure est assiégée par les « fans » ; des gens qui veulent faire de lui le
porte-parole et le guide d’une génération de marginaux révoltés.
C’est pour les faire fuir que Dylan aurait désormais utilisé son talent à ne plus faire que des chansons de variété.
Je ne sais s’il a atteint son but, mais il s’est ainsi aliéné bon nombre de ses vrais admirateurs qui ne sont pas des « fans »…
Hypothèse :
C’est la mort du père, (en juin 1968, entre « John Wesley Harding » et « Nashville Skyline » ), qui semble avoir porté un coup presque fatal au talent de Dylan.
C’est pour les faire fuir que Dylan aurait désormais utilisé son talent à ne plus faire que des chansons de variété.
Je ne sais s’il a atteint son but, mais il s’est ainsi aliéné bon nombre de ses vrais admirateurs qui ne sont pas des « fans »…
Hypothèse :
C’est la mort du père, (en juin 1968, entre « John Wesley Harding » et « Nashville Skyline » ), qui semble avoir porté un coup presque fatal au talent de Dylan.
Presque : il a enregistré un bon disque en 1974 ( Blood On The Tracks ») et quelques chansons
intéressantes disséminées de-ci delà.
Le chapitre 4,consacré à Oh Mercy ( on situe les faits vers 1989) est pénible à lire ; Dylan s’y montre
d’un conformisme épais.
Si, mine de rien, ce livre défend une thèse, c’est que le chanteur veut à tout prix s’inscrire dans une tradition (le blues, la chanson populaire…) et là où on l’aimait c’est plutôt dans la rupture, quand il fit de la chanson un art qu’on ne trouvait pas mineur.
Si, mine de rien, ce livre défend une thèse, c’est que le chanteur veut à tout prix s’inscrire dans une tradition (le blues, la chanson populaire…) et là où on l’aimait c’est plutôt dans la rupture, quand il fit de la chanson un art qu’on ne trouvait pas mineur.
Au chapitre 5, « Fleuve de glace »il retourne à ses vingt ans. J’ y ai lu quelques pages qui ne
m’ont pas laissée froide. On trouvera quelques passages inspirés ; c’est après avoir vu une comédie musicale inspirée de Brecht, de « L’Opéra de quat’sous » que Dylan trouve le moyen de faire des chansons de prix, et qui nous furent chères.
« Les mélodies de Kurt Weill associaient en quelque sorte l’opéra et le jazz…c’était foncièrement des folksongs, sauf que les folksongs n’ont pas
cette sophistication…Woody n’a jamais rien écrit de ce calibre ».
Les déçus du dylanisme peuvent se dispenser d'acheter ce livre mais pourquoi ne pas l'emprunter en bibliohèque?
Les déçus du dylanisme peuvent se dispenser d'acheter ce livre mais pourquoi ne pas l'emprunter en bibliohèque?