15 novembre 2006
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Roman en deux parties : la première est contée selon le point de vue du prince Amérigo, la seconde selon son épouse, Maggie.
Jeune noble d'une vieille famille italienne, Amerigo va conclure un mariage de convenance avec Maggie Velver, jeune américaine dont le père est très riche. Il a accepté cette union afin de poursuivre la relation sexuelle et sentimentale qu'il entretient avec Charlotte Strant : cette dernière est pauvre, fière jusqu'à un certain point, aventurière par obligation plutôt que par choix. Ils sont devenus amants en Italie, deux ans plus tôt.
Reçue par Mr Velver, le père de Maggie, et aimée de lui, Charlotte espère qu'il va l'épouser. Ces deux unions seront fort pratiques pour permettre à Charlotte et
Amerigo de se retrouver plus souvent.
Voici donc plusieurs couples :
1. Maggie et Amerigo qui feignent le bonheur des jeunes mariés. Maggie aime Amerigo. Elle a eu tout de suite l'intuition de son infortune, mais n'en devient que
progressivement consciente.
2. Amerigo et Charlotte, couple adultère, qui se voient en secret, toujours épris l'un de l'autre, mais las de cette situation.
3. Mr Velver et Charlotte : le vieux monsieur riche, amoureux, et la jeune femme sans ressources, contrainte de vendre ses charmes par la voie respectable du
mariage.
4. Mr Velver et sa fille Maggie. Le père et la fille sont de vieux complices depuis toujours, qui resserrent leurs liens à la naissance du petit fils.
5. Bob et Fanny Assingham : deux Anglais d'âge avancé, sans enfants. Elle est une intrigante , une "marieuse", se flatte de faire et défaire les destinées faute
d'en avoir une significative, amuse son mari qui rentre flegmatiquement dans son jeu. Elle a marié le prince Amerigo , elle influence tout le monde... Ils assistent en voyeurs gourmands à ce qui
se trame autour d'eux (ce qu'ils croient en deviner).
Deux jours avant le mariage de Maggie et d'Amerigo, Charlotte et lui dénichent à Londres chez un antiquaire, une coupe qui attire leur attention. Elle veut la lui
offrir, il refuse, lui faisant remarquer la fêlure sur l'objet.
Quatre ans plus tard, Maggie ira elle-même chez cet antiquaire, situé dans le quartier où ils résident. Le commerçant se souvient de Charlotte et d'Amerigo et la
renseigne implicitement sur le type de relations qu'ils entretiennent. Après achat de la coupe, elle la brise et annonce à son époux : " J'ai décidé de ne plus faire comme si je ne savais
pas."
La situation se renverse. Amerigo commence à respecter sa femme. Il va rompre avec Charlotte, que son vieux mari a décidé d'éloigner et qu'il emmène à l'autre bout
du monde. Ce sera aussi l'occasion pour Maggie de se détacher de son père.
Cette opération de redistribution des couples est contée au moyen de dialogues pleins de sous-entendus où il est difficile de démêler ce que chacun sait ou ne sait
pas, veut ou ne veut pas. Ce roman qui, comme les " Ailes de la colombe" exploite la situation du ménage à trois, procède de façon beaucoup plus allusive et suggestive. La
substance du récit est diluée dans un produit qui en rend la couleur pâle et indéfinissable.
Les personnages se ressentent du perfectionnement de la technique : moins vigoureux, moins dynamiques, éloignés de la vie. Charlotte ne sera guère plus qu'une
amante déçue et mollement vengeresse. Pour décrire les sentiments, James parle d'un buffet, des oscillations d'un lustre au plafond. Les déplacements d'une théière autour des convives rendent
compte du désarroi profond des êtres. Les bavardages de Mrs Assingham noient le poisson des événements. Les intrigues compliquées qu'elle déploie, sont un miroir déformant dans lequel il faut
retrouver le vrai.