19 novembre 2006
7
19
/11
/novembre
/2006
22:10
Edition :
Gallimard- Folio 1977.
Lorsque Edith et Brett viennent s'installer en Pennsylvannie, le vieux Georges, oncle de
Brett , célibataire de 70 ans qui ne se plaît plus dans sa maison de retraite vient habiter avec eux.
C'est curieux que Brett veuille le prendre: à quoi bon s'embarrasser d'un vieux parent que l'on connaît à peine? C'est encore plus
étrange qu'Edith accepte et ne le renvoie pas lorsqu'il affecte la maladie pour rester dans sa chambre et se faire servir comme un enfant.
Cliff, le fils unique, jalouse le vieux Georges. Ce garçon violent, aboulique, déscolarisé, devrait inquiéter ses parents.
Mais Edith et Brett n'ont jamais le temps de se faire du souci. Occupés du journal qu'ils ont créé, La Gazette, leurs inquiétudes
se concentrent sur la politique nationale et étrangère, les conflits sociaux, un certain militantisme.
Pourtant la situation se dégrade : Brett prend une maîtresse . Edith n'est pas trop affectée. Y-a-t-il quelqu'un dans sa
vie?
Rien d'autre qu'un gros volume brun, relié, son journal, qu'elle tient d'une façon un peu particulière: son fils y est brillant au point
d'intégrer une grande école; il se marie, lui donne des petits enfants. Brett vient d'y mourir...
" Le Journal d'Edith" est un roman psychologique où sont mises en scène plusieurs
pathologies :
Edith s'éloigne de la réalité qu'elle devrait affronter. D'abord, comme le font la très grande majorité des gens en ignorant ses problèmes les plus gênants, et en se tournant vers des activités qui ne la remettent pas sérieusement en cause, d'autant plus que ces activités sont utiles à la société. Puis, elle joue à transformer cette réalité de plus en plus inavouable mais ne sait pas garder ses distances vis-à vis de la fiction: l'histoire idéale de sa famille qu'elle relate dans son journal est écrite à la première personne, les personnages en sont les membres de sa famille, elle se contente de changer de façon manichéenne les " réalités insupportables" par "d'heureux événements".
Edith s'éloigne de la réalité qu'elle devrait affronter. D'abord, comme le font la très grande majorité des gens en ignorant ses problèmes les plus gênants, et en se tournant vers des activités qui ne la remettent pas sérieusement en cause, d'autant plus que ces activités sont utiles à la société. Puis, elle joue à transformer cette réalité de plus en plus inavouable mais ne sait pas garder ses distances vis-à vis de la fiction: l'histoire idéale de sa famille qu'elle relate dans son journal est écrite à la première personne, les personnages en sont les membres de sa famille, elle se contente de changer de façon manichéenne les " réalités insupportables" par "d'heureux événements".
Brett, son époux, pragmatique, choisit la fuite dans une autre réalité plus acceptable : mais que représente ce vieil oncle dépressif
qu'il impose à Edith, et qui exigera d'elle des soins qu'on réserve aux nourrissons? N'est-ce pas une autre personnalité de lui-même, régressive, qu'il délègue à un autre, pour ne pas en
souffrir?
Que signifie de la part de Brett, cette violente colère à la mort ( qu'il soupçonne à juste titre criminelle), du vieil oncle qu'il avait "oublié" chez Edith?
Que signifie de la part de Brett, cette violente colère à la mort ( qu'il soupçonne à juste titre criminelle), du vieil oncle qu'il avait "oublié" chez Edith?
Et si Brett est resté, sans le savoir, un nourrisson sans défense, dont la vie sociale apparemment adaptée est un leurre, comment
s'étonner que son fils souffre de graves troubles mentaux? Le fils hérite des maux ignorés de ses parents.
Ce personnage irresponsable, capable de meurtre, ressemble à l'être monstrueux, couplé à sa mère, que rencontre l'infortuné architecte de " L'Inconnu du Nord-Express".
Ce personnage irresponsable, capable de meurtre, ressemble à l'être monstrueux, couplé à sa mère, que rencontre l'infortuné architecte de " L'Inconnu du Nord-Express".
Patricia Highsmith s'est surpassée pour nous montrer les ruses tortueuses du psychisme humain. A propos de ce livre, elle disait avoir
imaginé ce qu'aurait été sa vie si elle avait accepté une demande en mariage qui lui avait été faite dans ses jeunes années.