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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 12:56
Tristesse-et-beaut--.jpgKAWABATA , YASUNARI ( 1889-1972)
Tristesse et beauté
Roman
Année de publication :1970
Edition : Gallimard
Oki est un écrivain quinquagénaire marié à Fumiko, dont la seule occupation est de servir de secrétaire à son époux. Ils ont deux enfants, Taichiro, professeur de littérature à l'université de Tokyo, et une fille plus jeune et dynamique. Il y a vingt-cinq ans de cela, Oki a eu une liaison avec Otoko, une jeune fille de seize ans. Enceinte, elle perdit l'enfant à dix-sept ans et tenta de se suicider. Oki ne put rester auprès d'elle à cause de la jalousie de sa femme.
Maintenant, il apprend  qu'Otoko , devenue artiste peintre, vit à Kyôto et s'y est fait connaître. Il sait aussi qu'elle peint dans le style traditionnel et vit avec une autre femme, artiste également, Keiko, qui  s'investit dans le style abstrait.

Oki part à Kyôto, brûlant de recevoir son ancienne maîtresse et d'écouter avec elle le carillon du nouvel an, notamment la belle cloche du monastère de Chion.
Otoko n'a pas refusé cette rencontre mais elle s'entoure d'un cortège de protection, son amie Keiko, deux geishas, deux jeunes gens et le lieu de rencontre pour le dîner est public.
Keiko, qui connaît le passé de son amie , sait à quel point il pèse sur elle. Otoko ne s'est pas mariée, elle ne peut oublier Oki, et moins encore le roman qu'il a écrit sur leur liaison " Une Jeune fille de seize ans ". 
Et elle  a formé le projet de  peindre son enfant mort-né qu 'elle n'a jamais vu.

Amitié ou jalousie, Keiko décide de venger son amie. Avec sa peinture, sa présence, ses insinuations ,ses menaces à peine déguisées, elle réussit à troubler Oki et sa femme. Et ce n'est pas encore assez : Taichiro sera sa proie : jeune homme innocent, victime désignée et presque consentante, il se laisse séduire par Keiko, et n'offre aucune résistance lorsqu'il a compris qu'elle voulait se venger sur lui. Personne d'ailleurs ne se presse de le sauver, comme si tout le monde acceptait ce sacrifice…
On ne trouvera là ni tristesse ni beauté au sens occidental du terme à moins de se souvenir  de  la beauté que d'aucun ont pu trouver dans les tragédies, et de la tristesse majestueuse qui s'en dégage. C'est une tragédie, on sait dès le début qu'il y aura un sacrifice, qui va jouer le rôle et pourquoi. On suit le déroulement comme les étapes d'un rituel attendu, participant à la douleur des personnages : ceux qui consentent au sacrifice, la victime, et le bourreau également.

On s'intéresse au monde d'Otoko, à son attachement mélancolique pour ce qu'elle a vécu à seize ans, au bébé mort-né qu'elle ne sait comment représenter. Keiko est son instrument de vengeance, mais elle sait que cette vengeance ne servira à personne, ni à elle, ni à Keiko.
Le sentiment cultivé ici par tous les personnages, et mis en avant, c'est la jouissance,  qui comprend le plaisir et son contraire, et qui ne se limite pas à la sexualité.
 Pris dans ce filet, les personnages entretiennent des relations intenses et ambiguës, par le truchement d'œuvres d'art, de passions sexuelles, entre autres.
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