17 décembre 2012
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J’avais huit à dix ans : il était toujours
question de la guerre.
La troisième guerre mondiale.
Ce ne serait pas n’importe quel conflit armé, circonscrit dans quelques lieux assaisonnés de sang.
Ce ne serait pas des fusils, des baïonnettes, des tanks et des chars d’assaut.
Ce ne serait pas des commandants des capitaines et des pauvres conscrits sacrifiés comme chair à canon ou héros de la
patrie.
Ce ne serait rien d’aussi humain.
Ce ne serait rien de semblable à des pleurs, ni à des cris.
Non : un monstrueux nuage blanc d’une consistance rare, consumerait sans la moindre flamme et en quelques secondes
la totalité des êtres vivants qui étaient assez malheureux pour habiter la planète Terre. Il était connu cet incommensurable cumulus sous le nom de « champignon
atomique. »e".
Nul n’en réchapperait. Ni les Communistes (de qui c’était la faute), ni les Américains (tellement irresponsables) ni les
Européens (tous victimes, tous complices), ni les Africains (si naïfs avec leurs danses de la pluie et du ventre) ni les Chinois (plus rouges que jaunes), ni les Tahitiens (déjà rongés par la
syphilis sous leurs palmiers), ni même les génies de la grimpette qui progressaient à huit mille mètres pour coiffer le toit du monde (ils seraient refroidis.)
La mondialisation, déjà, opérerait.
Hiroshima n’avait été qu’un modeste hors d’œuvre.
Le soir venu, à la soupée, la bombe s’appropriait toutes les conversations. Ma mère psalmodiait son
effroi. On en avait encore parlé au poste. Tous ces chefs d’état qui ne pensaient qu’à se taper sur la gueule ! Des fous ! C’était pourtant pas difficile d’être raisonnable :
Y’avait qu’à nous voir !