Est-ce le ciel ou le diable qui a envoyé Daniel recueillir Simon, SDF de son état, gisant à moitié assommé rue du Fourbastard, et s’occuper activement de réduire son agresseur à néant ?
Voilà Simon devenu chauffeur de taxi, sans horaires définis, et locataire d’une piaule. Tous les matins l'attendent la silhouette affolante
d’Elvire derrière le rideau au premier étage, et l 'imposante voiture de son bienfaiteur qui stationne dans la rue.
Il tourne en rond pendant des heures, des boules Quiès dans les oreilles, son client plongé dans d’interminables conversations téléphoniques ; mais cela même est moins inquiétant que les stations au cours Dillon, les longues attentes pendant que Daniel hante les sous-bois, sûrement pas pour aller aux champignons.
Simon aurait presque préféré continuer à faire la manche. Même et surtout si Elvire lui plaît…
Daniel est entré bizarrement dans la vie glauque de Julia, qui venait d’injurier sa mère pour la dernière fois avant qu’elle ne s’en aille ad patres. Julia ne les aime pas les hétéros, elle préfère se déguiser en mec, et la concurrence trop facile, elle la fuit, mais, bon celui là…
Elvire réagit, se fait des amis : Complice, la mygale chérie de Daniel, et Simon le nouvel employé.
Daniel ne sait pas ce qui l’attend…
Moins ambitieux que « mourir n’est pas la pire des choses », ce roman est plus
réussi : il n’y a que trois personnages, qui n’ont pas l’air interchangeable, l’intrigue est mieux resserrée.
Pascal Dessaint
"Bouche d'ombre" Rivage (noir) 1996.