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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 16:54

 

Nombreuses manifestations dans la ville.

 Il y a des profs, des jeunes, des étudiants, lycéens, et même des primaires à gauche à droite et au milieu. C’est dire que la rue est noire de monde.

 Je me dis c’est une manifestation enseignante.

Sur les étendards il est écrit «  nous voulons le déplacement perpétuel »

Ou encore : «  Ah bas l'ankylose », «  Mort à la stupeur »

  Il y a des paysans avec des vaches comme au temps du Larzac, avec des banderoles « pour le grand regain » ;   

Il y a des gens, des gens partout, des petijean des grand jeans, des vraijean, des faux et des djinns et des géants. Et des tailles standard. Qui font voir de grandes banderoles «  Nous voulons le revenu d’existence »

Il y a des personnes âgées qui défilent en masse en brandissant des étendards ; serait-ce pour réclamer une loi sur l’euthanasie ? Eh bien non ; sur les pancartes on peut lire «  Nous ne voulons plus mourir » ;  « A mort la mort ».

 Je n’ai pas envie de rester sur le trottoir, je descend me mêler à un groupe où j’ai cru reconnaître des amis de mes enfants ; je m’enquiers de la manif mais ils ne savent pas quand et où elle a commencé ni quand et où elle ou elle se terminera.

C’est comme la vie …

Ouais, répondent les jeunes mais tu sais on n‘abandonnera pas avant d’avoir obtenu satisfaction.

Quelle satisfaction, à quel sujet ?

Ils ne savent pas ; ils savent qu’il leur manque juste la réponse, et  qu’ils doivent rester en mouvement ; le mouvement c’est ce qui compte. Maintenant que les voitures ne circulent plus, nous prenons leur place.

Personne ne parle et tout le monde déambule avec des slogans. Le silence est complet. Une manif qui se tient aussi bien me dis-je je n’ai jamais vu ça. On dirait presque un cortège funèbre.

Comme ce que je vois est fort difficile à interpréter, j’ai aussi la malchance de voir des journalistes m’interpeller et me fourrer un micro sous le nez.

Ils sont les premiers à  déchirer le silence :

«  Qui doit prendre la tête du cortège ?

 

Les journalistes ont l’air déçus, sans doute n’ai-je pas dit quelque chose de percutant.

Je me hausse le ton, et solennelle, comme jamais on ne m’a vue ou entendue, je lâche «  Jospin doit être prêt à assumer, cette volonté qui s’exprime autour de nous,   le désir du peuple, qu’il a su sushiter, chuchiter, chuchoter… »

Je ne trouve pas le mot juste, pour terminer une phrase aussi belle, je me représente mon encyclopédie avec les définitions : su, suce, sus, suscrie,  sushi,  je ne trouve pas le mot juste.

 

Le  matin suivant,  j’allume la radio et j’entends Jospin dire «  Il n’y a pas eu de deuxième tour à l’élection 2002 ;  ainsi  les gens sont troublés… »

Ah, me dis-je, s’il y en a un la prochaine fois…

 

C'était un rêve. Je ne rêve jamais du président, mais de certains hommes politiques, oui.

En l'occurence, j'ai rêvé de Jospin plusieurs fois.

Et pourtant, en 2002, avec ce Le Pen au second tour, nous étions surtout ridicules!!! Je me rappelle avoir écrit dans mon journal une phrase tirée d'un journal anglais ( ou allemand) le 22 avril, où l'on estimait en substance que  les français font n'importe quoi! ils ont voté en masse pour un vieux soudard à moitié sénile...

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