Ségolène fait une visite chez ses parents où elle se fait appeler par son vrai nom : «Sybille» diminutif de Sybillène Régal, son nom véritable.
Elle vient d’entrer dans le séjour, un beau séjour avec les murs recouverts de toile de jute jaune comme autrefois, une table immense pour chevaliers de table ronde qui encombre la pièce, mais nul chevalier autour.
Rien, sauf Mme Régal, sa maman, une fausse blonde, faite comme une amphore, qui lui fait un sermon en l’apostrophant violemment : « Sybille ! Te voilà ! Personne ne t’attendait plus ! On en a marre de ta foutue campagne ! Tu ne vois pas qu’il y a à faire ici ? Trois corbeilles pleines de linge à repasser, ta chambre à repeindre, les toilettes à lessiver, la chasse qui schlasse, le chat qui ne veut même plus aller dans sa caisse, tellement que... ! »
Ségosybille ne répond pas et prend l’air neutre. Elle est vêtue d’un twin-set vert anglais et d’une jupe écossaise coupée dans le biais. La mère dresse la table de repassage et verse l’eau dans le fer à vapeur. Ça chauffe terrible.
- T’en fais pas pour la table, fait Sybille, je vais la faire livrer dans peu de temps.
Mme Régal soupire et ajoute « ton père est mécontent ; tu comprends il n’aime pas que je sorte un plat surgelé et que je le fiche dans le micro-ondes, il veut de la Cuisine. Et si je te disais qu’Angela a rendu son tablier ? Il n’arrête pas de prendre la mouche … »
Sybille s’approche du buffet en contournant la table de repassage ; elle laisse tomber du bout des lèvres : « je vais appeler papa ».
Saisit le combiné d’un vieux téléphone en bakélite qui ne fonctionne sans doute plus, mais compose un numéro à l’ancienne « ETO 53 70 »