Le film s’ouvre sur le 21 juin 1984 : Mehdi et Sara viennent d’avoir un bébé qu’ils ne savent comment nommer.
C’est un couple de trentenaires, financièrement très à l’aise, qui vivent dans un grand appartement parisien et se retirent autant que possible dans une spacieuse demeure sur la Côte d’azur. Ils pratiquent l’amour libre ; chacun s’offre des galipettes quand ça lui plaît avec qui il (elle) veut.
Mehdi est inspecteur de police (beaucoup plus normalisé que Daniel Auteuil, également flic dans les Voleurs) et sa femme (Emmanuelle Béart, hyperactive) écrit des contes pour enfants.
Ils ont un ami quinqua, Adrien, homosexuel, médecin, qui s’est épris d’un jeune garçon, Manu, lequel vit d’amour et d’eau fraîche.
Invité sur la côte d’azur par le couple, Manu, inanimé, séduit Mehdi au cours d’une baignade où il manque de se noyer (on pense que c’est une feinte de sa part, mais la suite le dément).
Les nouveaux amants font l’amour dans les blés. C’est l’été, il y aura beaucoup de soleil, des couleurs éclatantes, des arrière-plans lumineux, des vêtements fantaisistes, aux teintes gaies avec prédominance de couleurs dorées.
Sarah fait sa mijaurée avec le bébé, pique des crises, je ne suis pas faite pour être mère, nous sommes dans un milieu où ça peut se dire. Elle se met des boules Quiès pour travailler tranquille. Adrien joue les nounous avec vigilance et sympathie.
Manu attrape une maladie mystérieuse qu’Adrien est le premier à diagnostiquer comme étant la conséquence du virus HIV. Il n’y a, alors, aucun traitement possible.
Manu court donc vers sa fin, confie ses pensées à un magnéto ; Sarah récupère le texte oral pour écrire un roman « témoignage du passage de Manu chez nous ».
Celui qui attrape le sida c’est le petit jeune homme naïf, aimable, qui aime bouger, courir, danser, baiser et qui n’a pas eu trop de peine avec son orientation sexuelle, quoique le texte confié au magnéto, dont on entend quelques phrases à la sauvette dise le contraire… Mais pratiquement, pour le spectateur, le premier (et dernier) obstacle que Manu rencontre, c’est le virus mortel.
Cette maladie n’a aucun sens, Manu ne peut s’y affronter. Il attend la mort en se cachant.
Je n’ai aucune inclination pour ces personnages. De grands bourgeois capricieux et jouisseurs qui n’ont pas le temps de s’ennuyer, ni même de réfléchir, parce qu’ils ont l’air de vivre des trucs très intenses.
La nouvelle coiffure de Béart, cette coupe courte ébouriffée, quasi hirsute, c’est original, elle fait tenir ça avec de la super glue, vous croyez ? Et sa veste jaune vif sa robe à petits motifs en dessous, ça m’irait ?
Le jeune provincial qui monte à Paris, trouve un protecteur plus âgé, et fait des expériences plus ou moins conflictuelles avec la société, c’est une
constante dans les films de Téchiné mais « Manu » (Johann Libéreau) n’a pas la personnalité complexe ni le mystère du jeune délinquant Gaspard dans les Egarés, de Benoît
Magimel dans les Voleurs, de Pierre ( Manuel Blanc) dans J’embrasse pas ou de Martin (Alexis Loret) dans Alice et Martin. De même le personnage du protecteur ne peut se
mesurer à Philippe Noiret de J’embrasse pas, ou Daniel Auteuil des Voleurs… lorsque je me suis demandée pourquoi je ne m’intéressais pas à ce film je l’ai forcément comparé à d’autres
« Téchiné ».
Dans ces films précédents, les protagonistes affrontent des maux qui ont un sens : la guerre, dans les Egarés, le père dans Alice et Martin, l'orientation
sexuelle dans La Saison préférée et les Voleurs, l’argent qui manque, les difficultés identitaires dans presque tous.
Mais dans ce film rien ne paraît très sérieux sauf le sida : et le sida, le virus, ça se combat, c’est un problème social mais ça n’a pas de signification symbolique ; pas dans ce film en tout cas.