Les Bennett qui habitent dans le domaine de Longbourn ont cinq filles à marier.
C’est un problème car, en l’absence d’héritier mâle, et vu les oncles que ces jeunes filles ont la malchance d’avoir, le domaine revient à ces messieurs. Les filles doivent se trouver un mari à la situation honorable, en ne faisant usage que de leurs charmes pour les conquérir.
Le second obstacle, c’est qu’aucune d’entre elles n’est décidée à épouser quelqu’un pour qui elle ne se sentirait aucune inclination sérieuse.
Les Bennett, enfin, n’ont, c’est le troisième obstacle, pas donné d’éducation sérieuse à leurs filles. Elles n’obtenaient des professeurs que si elles souhaitaient par elles même étudier quelque chose, et cessaient lorsque cela leur chantait.
A Netherfield , beau domaine près de chez elles, les filles voient arriver deux mecs : Mr. Bingley jeune et riche célibataire 4 à 5000 livres de rentes, et Mr. Darcy jeune, beau, fier, 10 000 livres de rentes.
Cela semble bien s’annoncer pour Jane Bennett et Mr. Bingley. Lizzy, la cadette, et Mr. Darcy, qui ont l'un et l'autre un peu d’esprit, débutent une relation piquante sur le mode ironique, en se louant l’un l’autre par antiphrases.
Pendant ce temps, Kitty et Lydia, les benjamines, font la chasse aux officiers de Meryton, petite ville voisine.
Seule, Mary Bennett s’abîme dans des études compliquées qui ont le résultat, fâcheux pour sa réussite sociale féminine, de la faire parler par citations. Pire : elle ne veut ouvrir la bouche que si elle a quelque chose à dire d’intelligent!
Tout d’un coup, Netherfield se vide pour de mystérieuses raisons... Mr. Bingley et ses sœurs, ainsi que Mr. Darcy partent pour Londres et ne veulent pas revenir. Elizabeth décide d’enquêter…
Les personnages sont nombreux ; certains sont plaisants, d’autres inutiles.
Mrs Bennett, la mère, est sotte et gaffeuse. Ces caractéristiques servent l’intrigue car elle fait fuir les prétendants qu’il faudra ensuite
reconquérir.
Mrs Long, qui est une marieuse invétérée, favorise les contacts et complique les situations.
La sœur de Mr. Bingley, Caroline, et Mrs Hurst intriguent pour empêcher Lizzy d‘épouser Darcy. Les mêmes tentent de mettre
Anne Darcy dans les bras de Charles Bingley.
Ces dames veulent créer des mésalliances, moins par méchanceté que pour tromper leur ennui.
Mr. Collins, le pasteur d’Hunsford, cousin des sœurs Bennett, hérite de Longbourn ; il devrait avoir de bonnes chances d’épouser une des
sœurs. Homme peureux, quoique sensé, il répète sans trêve des phrases de cérémonie et de conciliation qui le font paraître extrêmement ennuyeux à ses cousines ; il épousera Charlotte
Lucas amie d’Elizabeth, qui ne répugne pas à un pur mariage d’argent, et son amie la méprisera pour cela.
Charlotte n’est pas un personnage intéressant, ni drôle, mais elle est essentielle à l’action donc utile et l'on s'intéresse à elle.
Elizabeth( Lizzie) est ironique, intelligente, beaux yeux. Aime Mr. Darcy , met longtemps à s’en apercevoir, d’abord attirée par George Wickham, lieutenant « plein de charme douceâtre » qui doit gagner sa vie, alors qu’aucun métier ne lui convient.
Ce Darcy cultivé, orgueilleux fort riche, élégant, s’éprend d’Elizabeth qui n’est pas un parti pour lui.
Et cependant il s’y tiendra, ce qui donne au roman son allure « conte de fée ».
Lizzie et Mr Darcy
Leur relation qui se maintient longtemps sur le mode négatif, intéresse parce qu’ils se repoussent autant qu’ils s’attirent. Malgré les embûches mises sur leur route, leur lien évolue lentement mais sûrement ver la reconnaissance d’une inclination mutuelle.
Le prince et la princesse, quoique imparfaits, se retrouvent à l’état pur au milieu d’un univers réaliste qui ne cache rien des mesquineries de la société.
Mary la jeune sœur est une femme savante : elle ne trouve aucun parti. Représente l’auteur qui est restée célibataire. C’est un personnage esquissé, qu’on aimerait plus approfondi.
Certains personnages semblent inutiles et gagneraient à être supprimés : Kitty qui est Lydia en plus faible, n’est qu’un doublon. Les Bennett n’auraient dû avoir que quatre filles.
Mrs Hurst ne fait que « doubler » Caroline Bingley qui saurait aussi bien semer des obstacles seule.
la vieille peau
Jane Bennett et Charles sont là pour mettre en valeur Lizzy et Darcy : mais ils sont très conventionnels et finissent par ennuyer.
Il n’y a pas dans « Mansfield Park »( voir l'article précédent) de personnage "en trop "et de ce fait la composition a plus de force.
Mais dans ce même Mansfield Park , on subit une avalanche de sentiments chrétiens qui nous lassent sans compter la condamnation du théâtre par le jeune Edmond qui me le fait trouver assez antipathique alors que jusque là je l'avais à la bonne...
Ni dans ce livre-là, ni dans l’autre nous ne sommes dispensés d’une surabondance de lettres pour rendre compte de faits qui font progresser l'action. Ces péripéties nous parviennent de façon distanciée au travers d’une narration épistolaire.
Cependant les romans de Jane Austen ont des qualités d'intrigue, de suspense dramatique bien entretenu, d'ironie fine et d'observation aiguë des moeurs de son époque.
Bah...! j'en lirai un troisième...un jour.