Never(s) more…
Au début du mois d’août à Hiroshima, une actrice française ( Emmanuelle Riva) veut jouer dans un reportage filmé sur la catastrophe nucléaire. Elle a rencontré un architecte japonais.
Entre deux étreintes, ils parlent de la catastrophe impossible à montrer, sinon à dire… « Dix mille soleils « éclatèrent sur Hiroshima. Il n’y était pas et fut épargné mais y perdit sa famille.
Elle habitait Nevers (était « la petite folle de N’vers ») et son amant d’alors était un soldat allemand. Un jour, il fut abattu sous ses yeux.
Ses parents l’enfermèrent dans une cave après qu’elle fut tondue et conspuée. En 1945, c’était la Libération, elle sortit de la cave et s’en fut à Paris en vélo.
Hiroshima se présente sous forme de dialogues lyriques, dialogues entre deux témoins victimes de deux guerres meurtrières. Les deux amants d'un jour exorcisent en quelque sorte leur douleur passée, en se la racontant, en se parlant aussi à eux-mêmes.
Mais ils veulent se souvenir, encore davantage, ressentir encore plus et autrement, surtout ne pas oublier.
Hiroshima et Nevers se font écho, le premier écrasé par le soleil qui rappelle la lumière meurtrière et le second toujours dans une sorte de pénombre.
Des phrases scandées, construites comme des litanies se répètent, se répondent « tu n’as rien à faire à Hiroshima( voix off) « j’étais la petite fille de N’vers »
Ces incantations sont spéciales à Marguerite Duras! Elles ne plaisent pas à tout le monde " Hiroshima mon amour? pouquoi pas Auschwitz mon loulou? " ironisait cruellement Desproges...mais hélas n'avait-il pas un peu raison?
La première fois que j'ai vu le film j'ai pleuré. Cette première fois me semble bien loin!
On connaît les dialogues par coeur, et ils font l'effet d'une vieille chanson qui aurait été autrefois un tube et dont on fredonnerait la ritournelle avec plaisir... si seulement c'était une chanson! Malheureusement ce n'est pas une chanson et avec le temps ces incantations me semblent un peu ridicules.
Les images, à l'opposé, me surprennent encore. D'abord,en gros plan, des détails du corps des amants enlacés. Le grain de la peau. Filmé de telle sorte que cela pourrait être aussi des morceaux de corps brûlés des victimes d'Hiroshima, avant que la caméra ne s'éloigne pour faire apparaître les deux protagonistes nus.
De fait, très vite, défilent d'horribles images de la catastrophe.
j'aime encore les rues encombrées de comédiens qui défilent, l'homme et la femme qui se perdent et se cherchent. Le vélo de la jeune fille qui bondit sur les monticules de terre et d'herbe surplombant la Loire.
La musique est tonique, pas du tout mélancolique,excellente.