The Love Of A good Woman1998, Huit nouvelles.
Rivages : Poche Bibliothèque étrangère, 397 pages.
Ces nouvelles content chacune, un épisode perturbant de la vie d’une femme, et en filigrane l’essentiel de sa vie après et avant l’épisode en question.
Le titre du recueil peut dérouter. Cependant, aucune de ces femmes n’est honnête au sens moralisant du terme.
La nouvelle dont le titre est celui du recueil est déconcertante justement (d’une façon qui me plaît)
Trois jeunes garçons découvrent une voiture et son occupant tombés dans la rivière près de laquelle ils ont coutume de se promener. L e récit se concentre sur le fait qu’ils n’osent pas en parler tout de suite ni à leurs familles, ni à la gendarmerie, ni à eux-mêmes, et sont coincés par ce mutisme un bon moment… aucune « good woman » n’apparaît dans cette première partie, mais on s’intéresse à cette impossibilité de parler et aux trois jeunes garçons, tant l’atmosphère est bien rendue. Dans une seconde partie, deux femmes occupent le terrain du récit, une grande malade et son infirmière à domicile. Comme le récit avance on est bien forcé de décider que la femme du titre est l’infirmière, mais pour des raisons que je vous laisse découvrir, elle ne nous paraîtra pas si « good » que cela, et Le titre est finalement ironique…
Ma nouvelle préférée est « le Rêve de ma mère », qui débute par un cauchemar angoissant et poétique, raconté ou imaginée pat la fille de l’héroïne, devenue adulte : la jeune femme voit la neige tomber en plein été et sait comme on sait dans les rêves qu’elle a laissé son bébé sous quelque part à présent enseveli. Emergeant du sommeil, elle reste longtemps entre rêve et réalité à contempler son bébé dans le berceau, sensation de froid, couverture jusqu’au dessus de la tête du petit être. Commence alors un flash-back sur la vie de cette très jeune mère, entremêlée à son existence actuelle, pour en revenir au point précis qui a amené ce cauchemar. Une scène mi-comique, mi-tragique s’en suit, très réaliste. L’auteur sait mêler plusieurs tons et types de récits dans une forme ramassée.
Viennent ensuite « Sauvez le moissonneur » , une actrice sur le retour, se promène en voiture avec son petit fils et ils jouent à suivre des autos sensées être occupées par des extra-terrestres. Le jeu va s’avérer plutôt dangereux…
Dans Cortes Island une femme se souvient de l’époque où, jeune mariée, elle vivait dans un sous-sol, et s’occupait de l’époux handicapé de sa logeuse. Un job qui débouche sur d’étranges confidences faites par un homme quasiment aphasique…
Comme dans chaque recueil, on lira une nouvelle dont l’héroïne est une petite fille aux prises avec des adultes empêtrés dans leurs histoires et peu empressés de s’occuper d’elle. Karin s’était mis du rouge à lèvre et un béret pour plaire à l’ami de sa mère dont elle est amoureuse à sa façon… (Riche à crever).
Comme à l’ordinaire, j’ai aimé ces nouvelles de Munro, découverte cette année. J’en suis à mon troisième recueil, et je n’en resterai pas là !
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