Actes sud, 2006, 903 pages.
1913, Paris fin de l’été. Agota Kertesz, immigrée de Hongrie, est convoquée au ministère de la guerre. On lui apprend que son fils Endre, dont elle n’avait plus de nouvelles depuis cinq ans, est mort. Ingénieur chimiste, Il était parti en 1908 pour la Birmanie, envoyé par une société spécialisée dans la confection de colorants à usage industriel. Agota est accompagnée de Gabrielle Demachy , sa nièce orpheline qu’elle a élevée comme sa fille. Gabrielle a vingt ans. Elle se considérait comme fiancée à Endre, qu’elle aime depuis toujours, grand frère aîné puis amant d’un jour dont elle attendait le retour…
Fini d’attendre ! Gabrielle veut agir à présent. Eclaircir les circonstances de la mort d’Endre. Justement, elle se heurte à ce jeune secrétaire du ministère, qui leur a expédié la malle avec les derniers effets d’Endre. Il s’appelle Michel, et veut l’aider à comprendre ce qui est arrivé à son cousin. Là-bas, en Birmanie, Endre connaissait le docteur Galay, un savant qui fait des recherches sur les maladies infectieuses à l’institut Pasteur. Il faut approcher le docteur Galay, mais attention, il est sûrement pour quelque chose dans les infortunes d’Endre. La famille Galay recherche une institutrice pour Millie, la petite fille de ce docteur. Gabrielle va se faire embaucher…
L’intrigue de ce gros roman est bien amenée, de sorte que le lecteur s’intéresse aux personnages même secondaires, et suit avec ardeur et anxiété la quête de Gabrielle. Jeune fille instruite, plutôt émancipée pour son époque, grâce à son amie Dora, son professeur de piano, qui lui a fait connaître une société d’artistes et d’intellectuels, Gabrielle est aussi déterminée, et prête à faire jaillir la vérité sur la mort de son cousin, tout en cherchant à aimer encore un homme digne d’elle. Elle est aidée par Dora, et toutes deux n’hésitent pas à fouiner partout, à suivre toutes les pistes apparemment prometteuses, quitte à se mettre en danger.
Dans la main du diable est aussi un roman de mœurs, brossant fidèlement le tableau de la société juste avant la grande guerre et au tout début de celle-ci, grâce à un éventail varié de personnages et de situations destinés à illustrer les diverses facettes et classes sociales de cette société parisienne. J’ai aimé particulièrement les développements sur le cinéma naissant, les revendications ouvrières d’une usine en grève, l’animation dans les rues de Paris, l’actualité artistique et intellectuelle de l’époque…
Un roman d’amour, on s’en doute, et on n’est pas déçu de ce côté-là non plus. Un roman avec des passages loufoques que l’on doit au personnage de Dora. Un roman très classique, d’inspiration « balzacienne »avec ses longueurs pas trop longues, tant la narration est bien enlevée, intelligente, et l’expression variée. Pourtant, l’attention faiblit lorsque la sentimentalité prend le dessus. On se lasse des pensées du méchant évoquant sa mère étouffante et folle. Des amours des deux héros dont on n’attend plus rien de neuf dès lors qu’on est sûr que pour eux c’est à la vie à la mort.
Les noms des personnages me sont familiers : Kertesz et Gombrowicz évoquent la littérature ainsi qu’Agota; Terrier… est une taupe ! Gabrielle Demachy porte le nom d’un célèbre photographe pictorialiste, Robert Demachy. Ne dirait-t-on pas que l’auteur s’est inspiré de certaines de ses photographies pour ses descriptions ?
La foule
Struggle
Un ensemble convaincant
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