Flammarion, 2000. 550 pages environ
Suite de La Vierge dans le jardin
Titre : Still Life... le roman cherche à appréhender l’être humain en vie dans son rapport à la mort, et de façon générales les diverses manières dont les organismes vivants s’acheminent vers la mort, ( il sera question d’Au delà du principe de plaisir et d’autres travaux sur le sujet) sur la façon de rendre par le langage les « choses » que les peintres traduisent dans leurs toiles, choses mortes, inanimées, vivantes. Interrogations littéraires et philosophiques qui s’entremêlent assez habilement avec l’intrigue : Nous partageons l’existence des trois enfants Potter et du dramaturge Alexander de 1954 à 1956.
Stéphanie est restée à Blesford. Epouse de Daniel Orton, pasteur de la paroisse (le mariage a eu lieu dans le premier tome), elle est maintenant enceinte et doit quitter son emploi d’enseignante. Dans les années 50 une femme même instruite ( et licenciée de Cambridge tout de même !!!) peut ( et doit ?) devenir une femme au foyer à 25 ans. Cependant, Stephanie a l’impression d’avoir choisi et elle aime Daniel. Les pages consacrées à la grossesse et à la naissance de son premier bébé sont d’une grande justesse. « J’ai sombré dans le biologique » aime-t-elle à se répéter. Frustration, humiliation, mais aussi grand bonheur, lumière (voire davantage : le bébé corps glorieux…) et vie quotidienne décevante. La belle-mère odieuse, un personnage secondaire fort bien rendu qui nous fait rire (jaune) et nous horrifie, le frère Marcus et ses troubles psychologiques à la maison, et cette façon qu’a Stéphanie pour se défendre de cette peste, d’accueillir chez elle toute la misère du monde de Blesford …. Avec Daniel des hauts et des bas, ce jeune couple a quelquefois l’air d’avoir quarante ans ! Le combat de Stephanie pour pouvoir encore lire et penser… un nouveau pasteur Giddeon un peu trop zélé …
Marcus. Si pour Steph ça va de plus en plus mal, pour Marcus ça semble s’arranger un peu. Il fréquente le camp de jeunes chrétiens de Giddeon, et si Giddeon est nocif pour certains adolescents, comme Marcus sait prendre ses distances, il en tire profit. Il se fait deux amies, s’intéresse aux mœurs des fourmis et autres petits animaux. Chez lui le fantasme, le sérieux scientifique, et le goût de l’investigation font bon ménage. Chez Stéphanie, il endure des moments pénibles et s’en tire…
Frederica se positionne de plus en plus comme la véritable héroïne du roman. D’abord jeune fille au pair en Camargue, elle y rencontre Alexander, qui, au mas Cabestainh écrit une nouvelle pièce sur les amours contrariées et tragiques d’une dame du Moyen Age pour le seigneur de Cabestan, son amant dont le cœur lui est servi sur un plateau… en même temps Alexander travaille sur la correspondance de Théo et Van Gogh, et prépare une pièce sur le conflit entre Gauguin et Van Gogh « La Chaise jaune ». Il s’interroge : comment rendre les choses en peinture et par le langage quelle est la différence ? Frederica l’écoute parler de ses recherches. Elle voudrait bien qu’il arrive autre chose...
Bientôt la voilà étudiante à Cambridge, assistant à la vie intellectuelle de l’époque, s’en imprégnant : reviennent comme leitmotivs : La Chaise jaune d’Alexander, La racine de marronnier que Sartre n’arrive pas à mettre en mots dans la Nausée, la mouvement des « jeunes gens en colère » de Kingsley Amis son « Jim la chance », le Van Gogh des mangeurs de pommes de terre et celui du Faucheur le traitement de la lumière, l’absente mallarméenne de tout bouquet … Frederica fait des rencontres : un étudiant, Alan, qu’elle appelle le Caméléon, trop sympathique pour être autre chose qu’un ami, Alexander avec qui toujours rien n’arrive, un professeur spécialiste de Mallarmé, juif austère, dont elle est amoureuse, il est intelligent et tellement beau ! Mais au toucher, elle a comme des surprises, et finalement sort avec Nigel Shreiver, dont on ne sait trop quoi penser sinon qu’il danse assez bien. On aime assez le hollandais « polymathe ». En même temps Frederica s’interroge sur son avenir : elle ne veut pas enseigner somme son père et Stephanie, elle pense que se marier sera inévitable. Le moins pire serait d’épouser un professeur d’université…
Pour ceux qui ont lu le roman :
Je trouve que Byatt se débarrasse un peu cavalièrement de Stephanie. N’avait-elle plus rien à en dire ? Je m’étais attachée à elle, et suis fâchée que Daniel reste seul en scène, ce personnage m’ennuie, ses pérégrinations de la fin ne m’intéressent pas, je les ai lues en diagonales.
Néanmoins, je lirai le livre suivant…