avec Javier Bardem
L’incipit montre Le héros Uxbal dans la neige, fumant une cigarette avec un jeune homme et échangeant avec lui de menus mais mystérieux propos. La scène se renouvelle beaucoup plus tard et l’on saisira davantage...
Dans la banlieue pauvre de Barcelone, Uxbal, un homme de 35/ 40 ans, vit de diverses magouilles afin de pourvoir aux besoins de sa famille deux jeunes enfants Ana et Mateo et une femme souffrant de troubles maniaco-dépressifs.
C’est ainsi que pour une certaine somme il va recruter une trentaine de familles chinoises sans papier ni domicile pour travailler sur un chantier moyennant de maigres salaires. Ce personnes vivent dans une cave à même le sol. Uxbal leur procure des radiateurs pour se chauffer la nuit. Mais ces appareils défectueux les asphyxieront...
Uxbal lui non plus n’est pas loin de sa fin. Un cancer à métastase progresse dans son organisme. Il envisage de laisser ses enfants à une jeune sénégalaise immigrée qu’il loge chez lui et lui donne de l’argent pour cela. Je n’ai pas compris si elle accepte .
J’ai oublié l’essentiel : Uxbal est persuadé qu’il a le pouvoir de parler avec les âmes des morts. Il tient cette certitude de sa confidente, une femme sortie de nulle part à qui il va périodiquement conter ses ennuis et qui le conseille.
Effectivement au début du film Uxbal parle à un enfant mort qui lui explique où il caché une certaine montre.
A mon avis on doit le prendre comme des hallucinations. Car Uxbal n’est pas croyant. Tut au plus est-il conscient que la frontière entre la vie et la mort n’est pas si étanche qu’on voudrait croire.
Au moment de mourir, il s’interroge sur sa filiation : son père est parti pour le Mexique (patrie d’Inarritu) avant sa naissance et y est mort. Il obtient de voir ce cadavre, qui, embaumé, possède une certaine consistance et le tâte, s’imprègne de lui, sans communiquer pour autant.
Deux heures dix-sept pour filmer les dernières semaines de vie d’Uxbal, son agonie, debout, allongé, chancelant, avec des détails hyperréalistes : l’homme est victime de fréquentes hématuries, doit porter des protections hygiéniques, il observe les chinois morts dans la cave à côté de leurs vomi, enlace les enfants en sanglotant. Certaines scènes sont spectaculaires : les cadavres des travailleurs chinois, balancés à la mer et revenant vers le rivage ; la brutalité bruyante d’un night-club où le presque mourant vient s’échouer. De cèlèbres monuments barcelonais sont filmés abîmés et couverts de suie, pendant quelques secondes.
On ne peut rester insensible à un tel film, même si on peut penser qu’Inarritu a voulu traiter trop de sujets à la fois : La misère sociale , l’immigration clandestine, la paternité et la filiation, le tragique de la vie qui s’achève, la mort (omniprésente) … et en insistant sur le malheur d’où un côté mélodramatique.
Esthétisme, hyperréalisme, mélodrame, grandes scènes, longueurs.
Bien tout de même.Impressionnant.