Alain Delambre 57 ans DRH au chômage depuis 4 ans, en est réduit à faire de la petite manutention tôt le matin pour 500 euros le mois. Un échange plutôt vif avec son chef le fait mettre à pied, et l’entreprise lui colle un procès sur le dos, réclame des dommages et intérêts.
Heureusement il vient de se présenter à un entretien d’embauche pour le même emploi qu’il occupa jadis...
Mais pour faire ses preuves, lui annonce Bertrand Lacoste, PDG de l’entreprise consultante, il lui faudra participer à un jeu de rôle un peu curieux ; une simulation de prise d’otages.
Delambre se lance dans l’aventure contre l’avis de sa femme, lance un détective pour enquêter sur l’affaire, au risque de s’endetter à mort… c’est sa dernière chance !
Il réunit quelques informations : L’employeur est Exxyal une très grosse boîte qui s’occupe de raffineries pétrolières…
C’est M. Dorfmann, patron de l’entreprise recruteuse qui a eu l'idée de la fausse prise d'otages, pour tester ses propres cadres supérieurs.
Il emploie un ancien militaire David Fontana pour organiser le jeu. Le rôle des candidats sera d’interroger les faux otages pour tenter de leur soutirer des informations sur leur entreprise et tester leur capacité de résistance.
Delambre enquête aussi sur les cadres qu’il lui faudra tester, décidé à se montrer le meilleur. Et voilà qu’on lui révèle une information qui va le persuader de jouer un jeu plus sérieux ….
L’auteur a construit un ouvrage sur des problèmes de société : le chômage de longue durée des cadres ; les méthodes de recrutement dans les entreprises ; les jeux de rôles où l’on risque de confondre réalité et fiction.
Ces sujets sont d’actualité.
L’auteur les traite "façon polar" avec suspense,action, et semble vouloir dénoncer le cynisme et la cruauté du monde des affaires investi par un libéralisme économique effréné.
Il paraît s’être documenté dans la presse et avoir lu des ouvrages sur la psychologie du monde des affaires, sur les escroqueries pratiquées couramment… le problème c’est le grand nombre de clichés que l’on répète à propos de ces sujets, et que l'on retrouve ici...
La première partie qui donne l’impression d’un roman « social » ne m'a pas déplu.
Delambre y est crédible dans sa révolte et ses stratégies de survie en milieu hostile.
la seconde partie est basée sur le suspense et l’action ; bien qu’assez longue, elle est prenante.
Pourtant, à ce niveau, j'ai déjà regretté que les personnages secondaires soient aussi caricaturés, le SDF est trop bon, la femme de Delambre assez nunuche, les deux filles complaisantes et sans beaucoup de relief.
L’homosexuel humilié dans la seconde partie me choque : est-ce Delambre ou l’auteur qui est homophobe ?
Par contre, le narrateur de la seconde partie est agréable, parce que sa relation quasi-clinique des événements sait être précise et efficace.
Je n'ai pas du tout aimé la troisième partie.
Les mêmes personnages que j'avais supportés jusque là deviennent de plus en plus irritants.
Cette partie est confuse, trop longue, souvent peu vraisemblable, avec beaucoup de répétitions lassantes. Je présume que Lemaître a voulu traiter son sujet à "l'américaine", avec ces individus qui cherchent à s'intimider les uns les autres,et se font chanter à l'aide de moyens peu crédibles. La course-poursuite de la fin, qui aurait pu être plaisante dans un film policier américain, se révèle ici fort ennuyeuse.
L’auteur tente de trouver des formules frappantes, voire des sentences sur le monde corrompu des affaires ; mais j’ai l’impression de les avoir entendues partout… !
Dans l’ensemble, le registre familier est le préféré de l'auteur, mais beaucoup de vulgarité dans les situations et la langue nuisent au récit.
L'auteur s'est montré plus ambitieux que pour Robe de marié, son précédent roman. A mon sens, il a eu tort, il accumule les poncifs sur les questions traitées .
le « bon SDF » ,la femme aimante et paumée, la bonne fille à son papa, le méchant militaire retors, le patron escroc, les cadres dynamiques et fonceurs, l’homosexuel humilié ( J'ai vraiment détesté cette scène ), l’univers carcéral lui aussi caricaturé, et surtout Delambre, le personnage principal, que l'on aimait bien au départ, devient très "conformiste".
On pense que l’auteur a voulu se moquer de tout le monde....
S'il ne manquait pas autant de subtilité on aurait pu y croire!
Ce roman a toutefois une qualité : il montre bien quels sont les fantasmes de l'opinion vis-à -vis du monde des affaires...