Gallimard, noire, 2012, 450 pages
Argentine, Buenos Aires.
Jana est une indienne de la tribu Mapuche, jadis persécutée et massacrée par le pouvoir dominant. De nos jours, après un parcours plus que difficile, elle vit de son travail de sculptrice, encore jeune, mais sans illusions, et solitaire. Les Mapuche sont toujours des « parias », au mieux des marginaux. Jana a un ami, Paula, jeune travesti qui cherche à se faire embaucher dans un spectacle de Music Hall. Un jour, Paula et Jana trouvent près du fleuve le cadavre de Luz un ami commun. La police officielle n’aime pas les milieux marginaux et ne veut pas rechercher le tueur.
Ruben Calderon, enlevé jeune en 1976, terrible année de la dictature, rescapé de leurs geôles, y ayant perdu dans d’atroces conditions sa sœur et son père, est devenu détective privé, et s’occupe des disparus et des victimes de cette époque. Ce qui l’entraîne à enquêter sur la disparition soudaine de Maria Victoria Campallo, photographe, fille d’un homme d’affaire puissant, et non sans tache.
Le sort de Luz et celui de Maria Victoria, en principe sans rapport, va rapprocher Jana de Ruben, et les entraîner l’un et l’autre dans une éprouvante équipée. Ils vont aussi se découvrir des raisons personnelles de se rapprocher, tous deux survivants de persécutions ignobles. Bien que la dictature soit du passé en Argentine, corruption et délinquance règnent encore de façon sévère, en haut lieu.
Un roman policier très bien documenté, sur la dictature argentine et ses retombées, ainsi que sur les coutumes des Indiens Mapuche, et leur histoire. Sinon, l’action est prenante, le suspense bon, la violence omniprésente. Les deux justiciers auront l’occasion de presque mourir une dizaine de fois, laissant des myriades de cadavres derrière eux, avant que le courage et l’amour viennent à bout de l’adversité.
L’histoire d’amour est un peu simpliste, tout de même, et pleine d’envolées lyriques sentimentales. Le contexte politique est bien rendu et l’on apprend l’histoire du peuple Mapuche dont j’ignorais jusqu’à l’existence.
La langue est correcte, il y a de bonnes descriptions.