Livre de Poche 1971 ; achat Brocante.
Ayant presque tout oublié de l’intrigue de ce roman, célèbre pour l’adaptation qu’Hitchcock en fit, je me suis lancée dans cette lecture, d’une jeune fille seule au monde, sans argent ni famille, demoiselle de compagnie d’une vieille harpie. Première moitié du 20 e siècle, à Monte Carlo, où sa patronne séjourne pour quelques jours. Elles y font connaissance de Maxim de Winter, riche propriétaire du domaine de Manderley situé à l’ouest de l’Angleterre au bord de la mer.
Il a 42 ans, a perdu sa femme récemment qui s’est noyée son voilier ayant coulé. Il est morose, mais très vite, il se plaît dans la compagnie de ??? : On ne saura pas le prénom de l’héroïne ; elle parle à la première personne, et son nom n’est jamais mentionné : tour à tour, c’est « vous ; mademoiselle, Madame, madame de Winter, la nouvelle Madame de Winter, ma chère, ma chère petite, ma chérie, mon enfant… »
On peut dire que le prénom de la sinistre Rebecca, ne lui aura pas permis d’officialiser le sien, même pour le lecteur !
La jeune fille trouve à Maxim de Winter quelque chose de médiéval ; elle en tombe amoureuse : il est riche, gentil avec elle, encore très avenant pour son âge. Le mariage proposé apparaît comme un conte de fée.
Cependant, arrivés à Manderley, le nouvelle Mme de Winter, doit affronter la gouvernante Mme Danvers, qui vit dans le culte de Rebecca disparue, vient se recueillir dans son ancienne chambre gardée en l’état. En effet, Rebecca c’était l’œuvre de Mme Danvers qui l’a élevée, et lui a permis d’être ce qu’elle était. Rebecca, dressée par elle, lui permettait, par procuration, d’assouvir une vengeance personnelle contre les maîtres, spécialement les hommes. Et bien sûr, Mme Danvers adorait Rebecca, sa créature.
Tout cela la nouvelle venue ne le saisit que partiellement. Elle sait devoir se méfier de la domestique, mais n’y parvient pas. Maxim revenu à Manderley, reste triste et préoccupé. Il aime toujours Rebecca et en pense qu’à elle, se dit la jeune épousée. Elle ne comprend pas bien la situation, et nul ne vient l’éclairer. Puis, elle se sent inutile, inférieure à la précédente femme, qu’elle imagine parée de toutes les qualités. N’ayant pas l’habitude d’être servie, elle ne sait quoi dire aux domestiques, et fait semblant de s’occuper. Autrefois, elle dessinait, mais ici on lui dit « c’est un joli petit talent que vous avez là », cependant ce n’est pas le genre de discipline à laquelle s’adonnent les femmes de son rang. Les propriétaires du coin chassent, font de l’équitation, du golf, les femmes ont de belles toilettes. On s’adonne aussi à la voile. Justement en se promenant avec le chien vers la mer, la jeune femme trouve une maisonnette dans laquelle Rebecca avait coutume de séjourner, et de se reposer de ses virées en mer. Pas seule, d’après ce que lui dit Ben, un brave homme retardé mental, mais observateur.
Le roman est assez pénible à suivre, surtout les pensées et imaginations de l’héroïne, ennuyeuses à souhait. Je les ai passées. La description des mœurs de l’aristocratie de province est assez bonne, les descriptions de la nature soignées, mais moins intéressantes que la Cornouaille de l’Auberge de la Jamaïque. L’intrigue est menée avec beaucoup de lenteur. Pour ce qui est des personnages, Miss Danvers domine la distribution. Le portrait qui est fait de Rebecca est tout de même assez conventionnel, on l’espérait plus développé. Les autres personnages sont aussi très convenus.
L’auteur, c’est dommage, n’a pas décrit l’incendie dont Hitchcock fit un morceau de bravoure…le Maître avait su également nous dispenser des états d’âme de l’héroïne, réduits à quelques phrases mélancoliques d’une voix off au début du film. Il avait su enchaîner rapidement des développements ici trop répétitifs. Bref, le film est très supérieur à ce roman…