Gallmeister, 192 pages
Jim et son fils de treize ans, Roy, sont partis vivre en Alaska sur une petite île , pour un an. Une cabane les y attend.
Ni eau courante, ni électricité, un poêle rustique, et pour tous moyens de communications avec l'extérieur, une radio élémentaire, un avion d'approvisionnement qui passe de temps à autre, et la possibilité d'allumer des feux de détresse.
Ils devront vivre de chasse et de pêche comme les anciens pionniers, apprivoiser l'île.
Ceci est présenté à Roy comme une aventure, mais le jeune garçon est loin de se sentir enthousiasmé. Son père et sa mère ont divorcé, il est à la garde de la mère, et, sans que l'on sache pourquoi, celle-ci l'a encouragé à partir avec son père, bien qu'elle n'ait nullement confiance en lui.
L'expédition n'a pas été bien préparée par le père, et dès l'arrivée, de multiples problèmes pratiques se posent, que Roy doit apprendre à résoudre aussi bien que Jim, comme un adulte.
Ce ne serait rien si le père ne souffrait d'une instabilité de caractère qui confine à la manie-dépressive. Toutes les nuits il pleure, raconte à Roy sa vie conjugale compliquée , exprime son désespoir. Le matin, il est de très bonne humeur, le soir il s'assombrit avec la tombée de la nuit.
Tantôt il parle beaucoup, tantôt il est silencieux pendant trop longtemps, mais Roy est sûr d'une chose : son père ne s'adresse jamais vraiment à lui, il ne fait que monologuer...Pire, il ne l'a pas intégré mentalement comme son fils, peut-être même pas comme un être humain à part entière...
Il s'absente fréquemment physiquement ou mentalement , organise des expéditions fort longues en plein hiver, et met leur vie en danger. Un jour, il tombe dans un ravin, chute probablement voulue... Roy se défend comme il peut, fait preuve de sans-froid et d'organisation.... mais on sent qu'un nouveau drame pourrait se produire.
J'ai bien aimé la première partie du roman. La relation impossible entre Jim et Roy est présentée avec justesse et intelligence. Le récit est sobre, sans effet de style, et sans beaucoup d'originalité non plus, mais les descriptions sont claires, les mots précis, les réflexions du jeune adolescent intéressantes. D'autre part on attend un événement et la tension entre Jim et son fils monte graduellement avec efficacité. On s'attache beaucoup à ce garçon, très lucide pour son âge.
Ce qui arrive à la fin de la première partie m'a beaucoup surprise. Effrayé et déstabilisé, Roy me paraissait tout de même avoir suffisamment de bon sens et de solidité...
La deuxième partie m'a semblé ennuyeuse, et je l'ai survolée plutôt que lue. Au début, le changement de situation présente de l'intérêt : comment Jim va-t-il réagir à propos de Roy? Nous avons quelques pages bien rendues, et assez insoutenables.
Si le récit s'interrompait là, nous aurions une longue nouvelle plutôt réussie.
Mais les errements de Jim continuent inlassablement, sans rien apporter de plus que dans la première partie. Il ne fait que se répéter. L'action progresse certes, mais je ne me suis pas intéressée au devenir de ce personnage, allez savoir pourquoi...!
l'écriture n'est pas suffisamment attrayante pour que l'on suive avec intérêt une deuxième partie dans laquelle il n'y a plus d'enjeu, et quasiment plus d'intrigue.
De bons billets sur Sukwann Island :
In Cold Blog( interview de l'auteur)
Avis positifs : Martine
Avis plutôt négatifs :