Hannah Shygulla dans le rôle de la maman de Susanne.
Allemagne Brême. Un homme âgé, Ali, retraité, Turc vivant en Allemagne depuis 30 ans au moins, va chez une prostituée compatriote, Yeter. Elle semble avoir entre 40 et 50 ans. Il la revoit et lui propose de s’installer chez lui ; il la paiera, moins chez certes, mais elle aura « un foyer ». Yeter accepte, d’autant plus que des hommes de son pays la menacent le soir, quand elle rentre chez elle, démaquillée, en tenue normale, de lui faire la peau si elle continue à se prostituer.
Le vieil homme vit avec son fils Nejat, qu’il a élevé seul. Ce garçon a bien réussi, il est devenu professeur de littérature à l’Université. Mais ses étudiants semblent dormir à poings fermés.
Dès que Yeter est dans la place, l’homme âgé fête ça en se saoulant. Le lendemain, il est à l’hôpital victime d’un infarctus. Il se remet vite. A la maison, il se rend compte que Nejat et Yeter ont sympathisé, et les accuse d’avoir couché ensemble. Peut-être, ce n’est pas sûr.
Entre Yeter et lui le ton monte souvent, elle se refuse à lui. Il lui donne un coup violent et la voilà morte. Il est incarcéré. Yeter avait confié à Nejat avoir une fille de 27 ans, restée en Turquie, à qui elle envoyait de l’argent, et dont elle n’avait plus de nouvelles et en souffrait. Il décide de la retrouver pour lui annoncer le décès de sa mère… et pour la connaître ; de plus cela lui fait une occasion de revoir son pays. Une fois à Istanbul, il cherche à s’établir, et achète une librairie.
Ayten la fille de Yeter, fait partie d’un mouvement de résistance contre le régime. Après une manifestation musclée, elle est recherchée par la police. Ses amis la font fuir un Allemagne sous un faux nom : Gul. Arrivée à l’aéroport, elle emprunte de l’argent à un compatriote, puis se balade dans l’université, emprunte de l’argent à une étudiante Lotte, pour déjeuner. Puis Charlotte l’installe chez elle. La jeune fille vit avec sa mère Susanne (Hannah Shygulla). La mère a été « hippie » autrefois, et a fait un voyage en Inde passant par la Turquie. « C’était la mode à l’époque » dit-elle. Charlotte et Ayten sont très amoureuse l’une de l’autre. Ayten recherche sa mère et ne la trouve pas. Yeter ne lui avait pas dit qu’elle était prostituée et avait prétendu travailler dans un magasin de chaussures. En outre, Ayten n’a qu’un faux passeport. Découverte par la police, elle fait une demande d’asile, qui est rejetée. La voilà de retour à Istanbul, là-bas elle est incarcérée. Lotte la suit, fait connaissance avec Nejat le libraire, s’installe dans une chambre qu’il loue dans son appartement. Elle n’obtient plus d’argent de sa mère, qui depuis longtemps en a marre de cette situation et la somme de revenir.
Cependant Lotte réussit à rendre visite à Ayten. Cette dernière lui passe un papier indiquant de se rendre à une certaine adresse. Lotte y trouve un revolver, destiné à son amie. Elle s’effraie un peu, le met dans son sac que des gamins lui arrachent dans une ruelle. Lotte les retrouve mais un gamin tire sur elle, et la tue.
La mère de Lotte vient à Istanbul, s’installe dans la chambre de sa fille, lit son journal, retrouve le goût de vivre. Elle a aimé cette ville autrefois. En visite à la prison, elle assure Ayten qu’elle va lui payer un avocat et sortira bientôt. Susanne sympathise aussi avec Nejat, et il pense à son père cet assassin dont il ne voulait plus rien savoir.
Nejat part au bord de la mer quelques jours revoir son vieux père, qui, sorti de prison, s’est réinstallé à Istanbul, lui aussi, et s’adonne à la pêche.
Il l’attend assis sur la plage.
Fin, générique.
Film plutôt bon, les deux histoires se recoupent et ont des points communs. Nejat et son père, Charlotte et sa mère. Fâcherie et finale réconciliation. Le vieux et Ayten incarcéré. Deux meurtres de personnages-clé, qui sont des homicides involontaires ( le gamin n’avait pas l’intention de tuer Charlotte, ni le vieux de tuer Yeter). Des déplacements significatifs de Brême à Istanbul, pour finir à Istanbul. Le sentiment amoureux : de Lotte pour Aytent, et plus discrètement de Nejat pour Yeter qui le pousse chercher Ayten( dont il va faire la connaissance, après le film, puisque Susanne la fait sortir de prison et la mènera à la chambre qu’à présent elle occupe et loue à Nejat).
Des choses joliment suggérées, de la violence inévitable, de la résistance féminine en particulier contre des mœurs et un régime archaïque ; dans l’ensemble des personnages meilleurs que dans la vie…
Ce film est très différent de Head-On, précédemment vu du même réalisateur. En effet Head-On était beaucoup plus violent et désespéré . On retrouve néanmoins le thème du crime passionnel, et de la femme qui cherche à se libérer.