Titre anglais "Caribou Island"
Gallmeister (Nature Writing), 2011.
Comme dans son précédent roman, il s’agit d’une île perdue dans l’océan au large de l’Alaska. Sinon déserte, du moins désertée. Un homme, Gary, veut s’y rendre pour y vivre par ses propres moyens pendant un temps assez long ; c’est un défi qu’il se lance. Il veut aussi nouer de profonds liens avec la nature sauvage. Il a travaillé autrefois sur des sagas nordiques dans lesquelles l’homme est seul face aux éléments déchaînés. On pense à Robinson, et ce pourrait être une aventure excitante. Sauf qu’il entraîne avec lui un membre de sa famille récalcitrant, pour l’aider et lui tenir compagnie. Et cela engendre des complications. Ici c’est Irène, sa compagne, qui doit jouer les Vendredi.
Irène n’approuve pas ce projet, d’autant plus , que pour vivre dans Caribou Island, il faudra construire une cabane. Son époux apparaît comme un grand rêveur qui n’a pas les moyens de ce qu’il se propose d’entreprendre : on pourrait construire une cabane avec des planches, dit-elle, pourquoi tiens-tu absolument aux rondins ?
Les rondins font partie du mythe. La cabane ne saurait être qu’en rondins !
Irène n’a pas envie de suivre son époux, mais craint plus que tout d’être abandonnée, comme le fut sa mère, qui ne s’en est pas remise. Elle va donc se faire violence. Cependant une terrible migraine se déclare dont on ne trouve pas la cause, et que les analgésiques ne calment pas…
Le lecteur a beau savoir que David Vann n'a aucun goût pour les happy end, ça ne l’empêche pas d’être choqué par la tournure que prennent les événements.
La nature est là, ni bonne ni hostile,et curieusement, c'est dans les grands espaces que les personnages sont victimes d’enfermements…
Cependant le roman n’est pas réduit à ce huis-clos !
A l’opposé de Sukkwann Island, l'auteur nous offre les histoires d’autres personnages que le couple Irene-Gary, et cette diversion est la bienvenue. Nous avons Carl et Monique, un couple d’étudiants venus passer l’été en Alaska, et obligés de camper ( brrr…) jusqu’à ce que Monique se tire d’affaire d’une manière qui m’a fait sourire. Mark, le fils d’Irene, et sa compagne Karen, eux non plus ne font pas partie des affligés ! Enfin Rhoda, fille d’Irene, et son ami Jim, sont touchants de naïveté et de détresse.
Les dialogues simples et directs alternent avec les descriptions de la nature, très justes, car elle est belle la nature, sans être magnifiée ni diabolisée.
Le roman précédent m'avait plu en partie et en tout cas vivement interpellée. Celui-là est meilleur, plus diversifié, plus approfondi.
David Vann est vraiment un auteur à suivre...
Martine a lu aussi Désolations. Elle aime et en parle avec d'autres mots.