Gallimard ( l’Imaginaire)1986, 255 pages.
Publié en 1935, c’est un de ses premiers romans.
Deux enfant anglais se rencontrent rue Sylvestre Bonnard dans la maison qu’habitent Miss Naomi Fisher et sa vieille mère souffrante. Deux enfants qui vont partager quelques désarrois, pas toujours enfantins.
Henriette, onze ans, orpheline de mère, a perdu sa gouvernante. Son père l’envoie chez sa grand-mère à Menton car il ne sait qu’en faire. Elle va passer la journée chez les Fisher entre deux trains.
Léopold, neuf ans, arrive d’Italie ; sa famille adoptive l’envoie chez les Fisher pour rencontrer sa mère qu’il n’a pratiquement jamais vue.
Cette première partie se joue entre les adultes, dont on devine certains émois, mais les enfants en sont les figures principales. Léopold intercepte du courrier et apprend sur sa famille des précisions plutôt bouleversantes. Pendant ce temps Henriette va faire à Mrs Fisher une visite de courtoisie. Quoique proche de la tombe, la vieille dame reste énergique. On comprend que c’est une tyranne domestique, et que sa fille est plus ou moins sa victime… Si ce n’était qu’elle !!
La deuxième partie nous mène dix ans plus tôt, lorsque Karen 20 ans, attend le jour de son mariage, après avoir étudié la peinture à Paris. Elle était pensionnaire chez les Fisher comme d’autres étudiants. Sa jeunesse est déjà presque finie !
La troisième partie, courte, offre le dénouement de l’histoire…
J’ai apprécié les descriptions aussi bien de paysages que de gestes, faits et pensées. Comme souvent avec Bowen, c’est subtil, et plein d’arrière- plans implicites, une manière d’écrire que j’adore.
Mrs Fisher est un personnage redoutable, les autres plus ou moins victimes sont bien dessinés. Les enfants sont très attachants; le récit devient légèrement ennuyeux lors de rencontres secrètes entre deux amoureux, bien longuettes alors qu’aucun d’entre eux ne sait ce qu’il veut.
Il faut reconnaître qu’Elizabeth Bowen est bien plus anglaise qu’irlandaise ! Lorsqu’elle campe un personnage de femme irlandaise, elle utilise le cliché : la femme est rousse, gironde, exubérante, provocante, boit beaucoup et rit tout haut.
En dépit de ces petits défauts, le roman ne manque pas d’intérêt.